Les Secteurs d'améliorations rurales d'Algérie

Que sont les Secteurs d'Améliorations Rurales ?

Remédier à cet état de choses en apprenant aux Fellahs à cultiver selon les procédés de la technique moderne, tel est l'objectif essentiel des Secteurs d'Améliorations Rurales. Également, mettre à leur disposition les moyens matériels nécessaires (Matériel mécanique et cheptel mort ou vif). En même temps, sauver la terre. L'Algérie est une terre qui meurt. Évoquerons-nous ces hautes collines d'Oranie d'où s'étendaient à l'infini des terres si nues qu'elles imposaient une sorte de méditation poignante sur la misère et sur la mort. Un esthète s'en fut peut-être exalté. Mais l'Arabe qui nous conduisait nous montrait une profonde faille comme une blessure au flanc de la colline : « Elle n'existait pas l'an dernier », nous disait-il. Le soir nous redescendions vers Nemours. Notre route suivait un oued. Et voici que des champs couverts d'une jeune moisson se détachaient par pans entiers. Ils penchaient sur l’oued. Au premier orage, ils s'y effondreraient. Parlerons-nous aussi de ces Oasis du Sud, de notre cheminement dans la fosse de l'Oued Rhir où la succession de palmeraies mortes semblait, avec leurs troncs découronnés, une interminable Palmyre ?

 Formellement, les Secteurs d'Améliorations Rurales (SAR) se définissent « un secteur territorial dans lequel, par l'intermédiaire de la Société Indigène de Prévoyance1 est appliqué un programme rationnel de paysannat » ou encore « un secteur territorial de la SIP dans lequel se concentrent les moyens propres à accroître la production agricole et à créer ainsi les bases de l'évolution des populations rurales de l'Algérie ». Ils se définissent encore mieux par leur mission.

1° Améliorer les méthodes culturales et, partant, les rendements des propriétés des Fellahs, par la vulgarisation des méthodes modernes et, le cas échéant, par l'exploitation commune d'un matériel mécanique (but principal et le plus général).

2° Mettre en valeur rationnellement les communaux ou domaniaux mal cultivés ou incultes, au besoin en « faisant de la terre » par l'utilisation de moyens mécaniques puissants, et distribuer aux paysans déshérités les terres ainsi récupérées.

3° Acheter des domaines européens et musulmans offerts à la vente et les répartir.

4° Conquérir de nouveaux périmètres par pour l'irrigation et les revaloriser par la pratique de cultures riches.

5° Aménager les zones d'élevage du mouton.


1 Les Sociétés Indigènes de Prévoyance d'Algérie sont des organismes destinés à venir en aide à la masse des petits cultivateurs que leur faible production, le statut immobilier (terre non francisées), l'inexpérience, l'éloignement des villes excluent des facilités offertes aux colons et aux fellahs aisés ou évolués. Elles ont pour but :

1) de favoriser le développement de l'Agriculture, notamment par les moyens suivants :

a) prêts en nature ou en argent aux fellahs ou aux khames membres de la Société ;

b) organisation de services d'intérêt commun concernant la production, la transformation, la conservation ou la vente des produits agricoles provenant des exploitations ;

c) achat du cheptel, de matériel et tous les produits ou objets utiles à la bonne marche de l'exploitation ;

d) vulgarisation des connaissances indigènes pratiques ;

e) amélioration de l'alimentation et de l'habitat ;

2) développer l'artisanat indigène,

3) pratiquer certaines assurances,

4) aider leurs adhérents par des secours.

Les Sociétés Indigènes de Prévoyance d’Algérie sont donc à la fois des organismes de crédit agricole et artisanal, de coopération, de mutualité.