Pour l'honneur français

Forces Nouvelles 13 avril 1957

 

Le jeudi 4 avril une délégation MRP composée de Pierre Pflimlin, président national, H. Lacaze, vice-président du Groupe de l'Assemblée Nationale, Alain Poher, président du Groupe du Conseil de la République, et moi-même, a remis au Président Guy Mollet un dossier sur des abus commis dans la répression en Algérie.

Il s'agit d'un dossier de faits précis, en nombre limité, assez facilement contrôlables par le gouvernement et qui, s'ils s’avéraient exacts à l'enquête, mériteraient des sanctions sévères. Pour recueillir ces faits, nous n'avons procédé à aucune investigation particulière, nous contentant d'opérer un tri parmi les cas qui nous étaient signalés. Au cours de l'audience de M. Mollet nous avons insisté pour que le gouvernement mit tout en œuvre pour arrêter de tels excès.

Le MRP pouvait éprouver la tentation de démarches plus spectaculaires. D'abord Forces Nouvelles n'a pas attendu pour exprimer notre réprobation. Surtout nous ne pouvons paraître nous associer à une campagne de diffamation contre l'armée et même la nation, qui, si elle repose parfois, hélas ! sur des faits exacts, mêle à la vérité de fortes doses de mensonges. Notre devoir est d'obtenir que cesse toute pratique contraire à l'humanité et à l'honneur français, non de participer à la calomnie. On nous permettra même de nous étonner que certains paraissent préférer l'exploitation politique des abus à l'efficacité dans leur répression.

Des atrocités ont eu lieu ? Que les coupables soient châtiés ; et facilitons, s'il le faut, les voies de la justice. Ne laissons pas ces coupables, quels qu'ils soient, ajouter des impuretés à notre cause. Mais ne laissons pas non plus se développer une campagne abusive, qui, de son impureté, veut, en réalité, nous faire conclure à l'injustice de cette guerre. En envahissant la Pologne, n'eût-il pas touché à un seul  cheveu d'une Polonaise, Hitler n'en aurait pas moins commis une guerre injuste. Les notions d'impureté et d'injustice ne se recouvrent pas.

Cela dit, trop d'abus graves ont eu lieu. C'est ce que notre délégation a fait valoir au Président du Gouvernement. Jeter le manteau de Noé sur certains d'entre eux serait s'en rendre complice. Mais c'est aussi s'en rendre complice que de multiplier les libellés à la fausse précision plutôt qu'éclairer de précisions vraies un Président de Gouvernement dont la droiture ne peut être mise en doute et que nul ne croira insensible à ces abus.