Plus de solution préfabriquée pour l'Algérie

Trois cents députés d'Outre-mer

Suivant l'angle où l'on se place, ce qui a été connu de ce plan avait le mérite ou le tort d'être révolutionnaire. Désormais plus aucune solution moyenne n'est possible. On est enfermé dans les slogans qu'on aurait tant dû éviter. Certains accusent le Gouverneur général de l'Algérie d'avoir lancé son projet d'intégration, non pour qu'il soit adopté, mais pour préparer l'opinion à l'extrémisme d'une solution inverse. D'autres lui prêtent le dessein de s'être préparé un « terrain de chute ». Peu importe ! La vérité est que, si dans ses aspects en quelque sorte techniques – municipalités, mesures économiques, mesures sociales – ce qu'on connaît des « conclusions Soustelle » est intéressant, l'intégration qui, au point de vue politique, est purement et simplement une assimilation, appelle de grandes réserves.

Quatre-vingts députés algériens : ce chiffre pose déjà un problème. Mais en parler ainsi, c'est tromper l'opinion. On doit lui dire d'emblée qu'il ne s'agit pas seulement de 80 députés algériens, mais également de 170 députés d'AOF, 30 députés du Cameroun, 10 députés du Togo, 50 députés d'AEF, 60 députés de Madagascar. Je ne vois pas, en effet, parlant en mon nom personnel, aucune raison pour ne pas accorder à l'Afrique Noire, sous prétexte qu'elle est sage et fidèle, ce qu'on céderait aux mitraillettes algériennes. Sans compter que la parenté psychologique et spirituelle entre la métropole et l'Afrique Noire est beaucoup plus grande qu'entre la métropole et la population musulmane d'Algérie.

J'ajoute que ce chiffre de 80, comme les chiffres parallèles déterminés pour l'Afrique Noire, sont purement artificiels. Si on s'engage dans cette voie, avant deux ans les quarante millions d'hommes qui peuplent nos pays d'outre-mer auront autant de députés que la métropole. Pourquoi le leur refuserait-on ? Et, encore plus, dès lors qu'ils seraient déjà 300, comment le leur refuserait-on ?

Seulement la métropole est seule à fournir les ressources. Seul son budget alimenterait l'ensemble. Peut-on abandonner les ressources fournies par la métropole seule, même pas à l'arbitrage, mais à la distribution de l'Outre-Mer ?

Pourquoi ne pas tenter une formule fédérale ?