Plus de solution préfabriquée pour l'Algérie

Forces nouvelles 1955

L'Algérie cessera-t-elle d'être un enjeu dans notre politique intérieure ? On parle d'une trêve en Algérie : il la faudrait d'abord en France.

Le temps presse. La question d'Algérie approche d'une sorte de maturité. Bien des signes nous en parviennent qui montrent la portion européenne de la population beaucoup plus lucide. Quant aux fellaghas, ils ont donnés quelques symptômes – vagues il est vrai – d'un certain désir de paix. Qu'on ne néglige pas ces signes malgré tout favorables ! Mais surtout, pour peu de temps encore peut-être, la révolte algérienne est plus anticolonialiste qu'anti-française. Encore quelques mois et ce caractère se renverserait.

Et tout le Maghreb serait entraîné dans l'aventure. Au Maroc, le Palais, le Gouvernement et même l'Istiqlal sentent que le pays a besoin de la France. La volonté d'entente est certaine malgré les pressions extrémistes. Mais la tension algérienne réagit. Elle vient à l'appui des amis d'Allal el Fassi et de « l'armée de libération ». Pour le Maroc, et j'imagine aussi pour la Tunisie, la solution algérienne est urgente.

On ne peut donc que déplorer que les conclusions du Gouverneur général  Soustelle soient tombées ici dans le climat des surenchères partisanes. Tel les rejetait qui aujourd'hui les prône, dès lors que M. Edgar Faure n'a point sembler s'en enthousiasmer. On en a trop parlé de ces conclusions ? Certes, et de fuite en fuite tout gouvernement deviendra impossible. Remarquons pourtant que M. Soustelle ne s'est pas montré discret sur son « plan » ni vis-à-vis de la presse, ni dans le privé.