L'Afrique courtisée cédera-t-elle à la tentation asiatique ?

 1962 ou 1964

par Georges Le Brun Keris, membre de la section de coopération technique du Conseil Économique français.

 

Nulle semaine qu'on ne nous annonce quelque mission commerciale étrangère en Afrique ou à Madagascar. Les ambassades, et c'est normal, parallèlement, se multiplient. Mais elles se doublent de missions d'assistance économique (les États-Unis à eux seuls en ont ouvert six). L'Allemagne dissémine des bureaux d'étude, et l'Italie multiplie congrès et colloques. La Tchécoslovaquie propose des prêts, il est vrai remboursables en dollars. La Chine populaire ouvre des expositions, relayant ou distançant son amie l'URSS qui réserve ses soins à la Guinée. Enfin, la RAU propose une aide technique sur laquelle on nous permettra de rester rêveur.

Si ces aides étaient effectives, si les résultats étaient proportionnels au nombre des missions, si par miracle des réalisations succédaient aux mirages, l'Afrique serait en passe de devenir un eldorado industriel, pour contradictoires que soient ces termes. Avant un an elle retentirait du nord au sud et d'est en ouest du tintamarre de ces usines.

Avec leur bon sens naturel, toujours teinté d'ironie, tel que leurs proverbes nous ont appris à le connaître, les Africains regardent ce défilé d'un œil amusé. Un sourire gentiment sceptique accueille les mirifiques promesses. Pour se prononcer, on attend que les réalisations s'esquissent.