Maroc

Soutenir les équipes nouvelles

Aussi doit-on, par priorité, restaurer l'Administration marocaine. La tâche est possible, puisque encore une fois les hommes sont là. Par priorité, car on ne fait pas de politique, quelle qu'elle soit, sans une force sur quoi s'appuyer. Encore plus au Maroc qu'ailleurs, au moment où nous nous trouvons sans contact vrai du côté des populations marocaines. De ce côté-là, pas d'appui. Du côté des Français du Maroc, nous ne trouvons de valables encore que des équipes relativement restreintes. Et pourtant, dans ma dernière enquête, un fait m'a frappé : l'extraordinaire progrès des esprits dans la communauté française du Maroc. C'est un fait nouveau et profondément heureux. Ceux qui savent échapper aux mots d'ordre des Prépondérants ne sont peut-être pas nombreux – (ces Prépondérants, dont il faudrait abolir le monopole journalistique) – ils ne sont peut-être pas nombreux, dis-je, mais vivent désormais des équipes actives, des équipes fécondes, qui savent travailler et qui se soutiennent. Pour ma part, j'ai foi dans ces équipes pour peu qu'on sache les épauler, et je sais qu'elles aideront à la reprise d'un dialogue qui est – elle aussi – la condition préalable de toute politique.

J'insiste d'autant plus, que des enquêteurs improvisés ou des écrivains très romantiques ont parfois commis une lourde faute en ne sachant pas voir qu'en dehors de quelques éléments exécrables, les Français du Maroc sont dans leur ensemble profondément valables. Je supplie qu'on y fasse très attention et qu'on prenne garde qu'à pratiquer un dénigrement général, et partant injuste, on les solidarise tous avec les Prépondérants, on en fasse les auxiliaires des prépondérants.