De Libreville à Fort Lamy, à l'écoute des Africains

Stabilité Tchadienne

Au Tchad, à la saison sèche, on devrait dire : la saison poudreuse, un énorme soleil écrase une nature assoiffée et grise. Une poussière incolore s'étend par nappes, la gorge est sèche, les lèvres s'irritent et le couchant lui-même n'apporte qu'un apaisement rapide.

L'équilibre du pays contraste avec cette nature inhumaine. Au Tchad on est à l'euphorie. Les derniers remous des événements politiques de l'hiver s'apaisent. Grâce à une récolte record de coton la situation est excellente. Cette récolte est le fruit de la sagesse gouvernementale. La politique a su, pour une fois, se mettre au service de l'économie. Sous l'autorité calme, mais croissante, du Président Tombalbaye, le Tchad peut envisager l'avenir. Un avenir où il connaîtra des heures difficiles, même si, sans doute, il doit les surmonter. À l'Est ou à l'Ouest les pressions sont fortes sur un état en profondeur assez divisé. Mi musulman, Mi animiste et chrétien, le Tchad est très neuf au sentiment national pour que des distorsions se fassent sentir ; la RAU est bien près, qui voudrait jeter son filet sur toute l'Afrique. Perspectives très sombres auxquelles je ne m'arrêterai pourtant pas. J'ai foi en la probité humaine de ce pays pauvre.

Beaucoup de cet avenir dépend de nous. Il nous appartient d'apporter au Tchad au moins sa stabilité économique à laquelle il aspire. Son désir est d'obtenir une certaine continuité dans l'aide que nous apportons à la culture du coton. Aspiration légitime, si en regard il offre à la France un stabilité comme débouché de ses produits industriels. Le comprendra-t-on à Paris ?