L'Afrique deviendra-t-elle un immense Congo faute d'une association avec l'Europe ?

Pour une solution raisonnable

Le maintien du FEDOM au-delà de 1962 ne semble pas contesté, même après la lancée par l'Allemagne d'une formule d'aide aux pays sous développés qui, pour notre part, nous paraît contenir une bonne dose de faux semblants. Mais, ce serait une dangereuse illusion que compter sur les investissements pour maintenir la volcanique Afrique dans le sillage stabilisant de l'Europe. Le don pur et simple n'a jamais eu pour effet que susciter la rancœur du bénéficiaire. Les américains s'en aperçoivent à leur détriment. Le voyage de M. Périchon est une pièce d'une sagesse politique encore plus profonde que celle du Prince. Seule auront une valeur durable la garantie mutuelle de débouchés et l'osmose économique qui en résultera.

Or, c'est là que le renouvellement de la convention est contesté, non tant par les africains, qui y auraient quelques motifs, que par l'Allemagne et les Pays-Bas. République de Bonn et Hollande ne veulent plus accorder aux États africains associés de préférence tarifaire pour leurs cafés ou leurs bananes. Cette volonté est si ferme qu'on doit, nous l'avons indiqué, la tenir pour une donnée de fait. Il serait donc sage de chercher ailleurs les éléments d'une osmose pourtant nécessaire et une contrepartie, non moins nécessaire, aux préférences contingentaires et tarifaires dont l'Europe a le bénéfice.

On devrait, à mon sens, la chercher dans la stabilisation des cours des produits tropicaux agricoles. De toutes les revendications africaines, celle-ci est la plus légitime. La dégradation des termes de l'échange, à leur détriment, a, depuis dix ans, dépassé la valeur des investissements effectués chez eux. Une baisse de 15% sur les cours des produits agricoles suffit à annuler le bénéfice de tous les FAC et tous les FEDOM. Toutefois, la stabilisation du cours des matières premières est œuvre de longue haleine. Elle suppose, au surplus, un accord international long et difficile à obtenir. Du moins l'Europe devrait-elle garantir ses partenaires contre les brusques chutes de cours. Il n'y faudrait pas des sommes considérables. Le volume des produits agricoles exportés par eux annuellement est de l'ordre de 850 millions de dollars L'amplitude des baisses dépasse rarement 10%, soit 85 millions de dollars. La garantie d'une telle chute n'excéderait donc pas sensiblement les versements annuels du FEDOM. C'est dire qu'un tel effort financier n'a rien d'insurmontable, et que payer à ce prix la paix et la prospérité africaine n'est pas cher.

Voilà ce dont nos représentants au Conseil de l'Europe devraient convaincre leur collègues d'Allemagne et des Pays-Bas, pour que ceux-ci fassent pression sur leurs Gouvernements.