Où va le nouveau Maroc !

Nécessité des Français

Ce redressement économique suppose le maintien des Français : même si tel marchand de légumes ne semble pas directement utile à l'économie marocaine, son départ, qui d'ailleurs contribue à la panique et fait contagion, supprime un consommateur et perturbe une économie quand même fragile. Il faut que les Marocains sachent rassurer les colons, car depuis trois ans bien peu d'arbres ont été plantés. Encore plus nécessaires sont les fonctionnaires français, surtout les techniciens, tant que le Maroc n'aura pas formé les cadres qui lui font défaut. Cela dépend du Gouvernement de Rabat, mais aussi du Gouvernement de Paris qui doit assurer aux fonctionnaires et au personnel des entreprises concédées les garanties de carrière – voire les compléments de traitement – qui les encourageront à demeurer.

Jusqu'à présent la Convention d'Établissement a achoppé sur la question des biens de colonisation. Notre juridisme en est pour une part la cause. Le terrain du Droit sur lequel s'était cantonné M. Claparède n'est pas bon : il aboutissait à une conversation de sourd. Les Marocains faisaient valoir l'injustice originelle de ces biens, les Français répondaient en objectant qu'ils les avaient économiquement créés. La voie beaucoup plus empirique où M. Maurice Faure semble s'engager, est bien meilleure. Pour l'économie marocaine, comme pour l'avenir des Français, souhaitons qu'on aboutisse, car intérêts français et marocains en apparence contradictoires, sont en fin de compte solidaires.