Où va le nouveau Maroc !

Des cadres insuffisants

Des difficultés demeurent à résoudre : comment en pourrait-il être autrement ? « Nous vous demandions un verre d'eau et vous nous avez noyé dans l'océan de l'indépendance », m'a dit une jour un membre de l'Istiqlal, parmi les plus influents. Parlant d'un « verre d'eau » mon interlocuteur était oublieux de ses propos point si anciens. Mais le Maroc s'est trouvé jeté dans une indépendance tellement brusque que soudain tout ce qui constituait la trame quotidienne de sa vie nationale a été remis en question. Et d'abord si une poignée d'hommes de qualité s'est trouvé apte aux grands offices, le Maroc s'est trouvé privé de cadres. Entre les très Haut-Fonctionnaires, les Ministres d'une part et la masse analphabète de l'autre s'ouvre un hiatus. On s'explique dès lors bien des carences administratives dans un État où les cadres intermédiaires s'improvisent. Je serais porté à croire que ces carences iront même s'accentuant pendant quelques années, au fur à mesure que s'arrêtera une certaine vitesse acquise du Protectorat, du moins jusqu'à ce que les nouvelles générations d'administrateurs aient acquis non seulement les connaissances techniques mais une expérience.