Les Comores, Iles de trop nombreux passés

Rétrospective de la loi-cadre

La France gouverne encore partiellement cette survivance de ce qui fut son empire. Et nous trouvons une autre rétrospective encore : le régime mort-né qu'institua la loi-cadre de 1958. On maintient ici cette formule un peu bizarre, héritage d'une époque où on croyait (moi le premier, qui ait voté cette loi) la souveraineté divisible. Le pouvoir se partage donc entre un haut-commissaire qui siège, en haut de la grand-place de Moroni, dans un building à la fois modeste et massif, et le Conseil du gouvernement qui trône dans un building analogue, mais en bas de la même place. Entre les deux, encore plus massif, un seul bâtiment : le Trésor. Est-ce un symbole ?

De fait, aux Comores, assurer un équilibre économique et partant financier apparaît le premier problème. Budget exigu : 900 millions CFA, mais encore doit-il être couvert à raison de 22% (196 millions CFA) par la métropole sans compter l'aide que celle-ci apporte en payant diverses catégories de fonctionnaires. La grande ressource réside dans les plantes à parfum et surtout l'ylang-ylang, dont les plantations aux arbres rampants et torturés évoquent la vision surréaliste d’Ézéchiel qu'on lit à la veillée pascale. Malheureusement, on cultive dans d'autres pays, notamment à Madagascar, de plus en plus de plantes à parfum et la consommation ne s'accroît pas en proportion. La mer des Comores elle-même n'est pas poissonneuse et sur leurs pirogues à balanciers les pêcheurs usent leur jour à sortir un ou deux poissons en six heures.