Les Comores, Iles de trop nombreux passés

Rétrospective barbaresque

Ainsi vivent d'une vie un peu « vaudeville » le très petit millier de Français et « assimilés » (ce chiffre englobe jusqu'aux Pakistanais) que le hasard de leur carrière a déposé sur un archipel lui-même né du hasard : un coup de dé du volcanisme. Mais ces quatre îles dispersées on ne sait pourquoi entre l'Afrique orientale et Madagascar abritent une autre rétrospective : celle des Mille et une Nuits. Non les contes fastueux de princesses que courtisent des serviteurs trop galants. Plutôt ceux des commerçants avisés du style d'Ali Baba ou de Simbad le marin. Avec leurs petits ports à boutres bariolés, avec leurs édifices au double étage d'arcades blanches, avec leurs mosquées basses et bourrues, on y respire comme un parfum de flibuste. Au marché de Moroni, clos de murs, eux aussi tout blancs, on vend à présent de modestes légumes, mais, à quelque chose de furtif et violent à la fois, on y sent encore le trafic des esclaves. Monfreid ! Qu'on doit bien ici se livrer à la contrebande du haschich ! Les bateaux trapus à voile latine, s’ils transportent des chargements de cocos, polies et un peu macabres (elles évoquent, amassées sur le pont, les crânes délavés d'un ossuaire), n'abritent-ils pas des tissus asiatiques ou tout autre marchandise peu pondéreuse ? L'Arabie séoudite et le Yémen imprègnent de leur atmosphère ces îles aux 240 000 habitants, tous musulmans très rigoristes, groupés en confréries mystiques.