Un problème politique : l'association du Nigeria au Marché commun

La Croix 8-9/6/1965

 

Existe-t-il une autre cité aussi étrange que Lagos ? Par place, Venise sordide où des masures brunâtres pourrissent au bord des lagunes ; mais soudain se dresse, contigu, l'orgueil des gratte-ciel. La terre et la mer se joignent en des frontières imprécises, les cheminées des cargos se profilant au détour des rues. A des bazars tristes comme ceux des Indes, dont les Anglais ont transplanté le style bidonville en Afrique, succèdent des sportings féeriques où rutile sur les pelouses d'Oxford l'or en fusion des flamboyants. Ruelles enchevêtrées, par quoi s'insinue vaille que vaille une circulation digne de Lyon ou de Marseille, pour gagner l'unique pont par lequel, à longueur de jour, une moitié de la population se déverse sur l'autre. Tel apparaît, à travers sa capitale, le Nigeria, pays vraiment en voie de développement (et la locution n'est pas ici un synonyme pudique de stagnation, de misère), dans un prodigieux essor qu'interrompent des restes d'archaïsme.