Pour une renaissance africaine

Réforme rurale aussi

Et puisqu'on me demande mon témoignage, je dirai qu'à mon sens la résurrection de l'Afrique et son développement passent non par de fumantes cheminées d'usines, mais par un relèvement en priorité des campagnes. L'effort du missionnaire y trouve sa place, car plus qu'aux grands travaux spectaculaires il conviendra de recourir à toute une série de « micro-réalisations » (tels que les ports, barrages de retenue) à l'échelle du village. Mais surtout, il faut que cette série d'entreprises soient collectives pour redonner son sens et son but au village, et partant son âme. Dès lors qu'elle se modèlera sur le village et la tribu, la coopérative pourra contribuer efficacement au développement africain en même temps qu'être le support d'une action spirituelle. Je serais tenté d'écrire qu'il faut en orienter et en baptiser les travaux.

Alors, face à ces villages humblement restaurés, et dont les gouvernements n'ont pour la plupart qu'un souci épisodique (en période électorale) et surtout verbal, une industrie pourra naître, et il nous appartient, à nous chrétiens, d'en faire connaître les orientations nécessaires. Plutôt que de vouloir monter des cimenteries en terrain impropre, ou des raffineries de pétrole puérilement concurrentielles, ce sont des industries agricoles, aval de cette renaissance du village, qui méritent la priorité. Je pense à des actions comme celles de la SATEC et de la SEDIAC. Ces industries agricoles contribueront encore à la résurrection du village. Bien entendu, et parallèlement, on ne devra pas négliger les industries d'extrême aval, telles que la chaussure, la bonneterie ou la confection, qui contribuent à réduire la charge des importations et, en outre, ont presque toujours l'avantage de créer le maximum d'emploi par rapport au capital investi.

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Action temporelle, certes. Mais il nous faut rappeler que le Christ a guéri les corps et qu'il a multiplié les pains et les poissons pour la nourriture des foules. Le christianisme n'est aucunement une doctrine économique. Il ne détient pas des recettes de développement. Mais l'amour, parce qu'il est une méthode de connaissance permet de discerner les vrais remèdes aux maux des hommes. Il ne peut pas ne pas contribuer même à l'évolution économique, puisqu'il est promotion humaine. Toute âme qui s'élève élève le monde, non pas seulement dans un sens abstrait et désincarné, mais en faisant des hommes de meilleurs ouvriers de la terre. Parallèlement, en enseignant le travail et en développant parmi ces peuples malheureux un mieux-être, on accomplit un travail de pré-christianisation. Nous n'avons pas fini de méditer et de vivre le mystère de l'Incarnation.