Ballet russe
V Critique théâtrale
« Alors, Natacha, tu vas au théâtre ce soir ? »
Les yeux de Natacha, la petite femme de chambre de l'hôtel, brillent de plaisir. Dans sa joie, elle en montre toutes ses dents, et surtout ses dents de métal, dont elle est très fière. C'est si beau le théâtre, la pièce, la musique, les danses. Et puis aussi l’entracte, quand on se promène en rond, tous dans le même sens. Toujours on voit quelque gloire de notre patrie soviétique : Un grand écrivain comme Semenov, en tous les cas au moins un ou deux généraux, avec leurs dames qui ont des belles robes.
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« Qu'iras-tu voir Natacha ? »
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« Je ne sais pas. C'est si difficile d'avoir des places. Je me demande ce que fait notre syndicat. On n'en a jamais par lui. Alors on est obligé d'en acheter au marché noir, et c'est cher, c'est cher ! J'ai beaucoup économisé aussi Vadim, mon ami, doit me rapporter des billets. Cela dépend de ce qu'il trouvera ».
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« C'est si difficile d'avoir des places ? Hier soir, je suis allé une pièce où il n'y avait personne. La salle était complètement vide ».
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« Alors cela ne devait pas être une pièce très amusante ».
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« Non, pas très amusante. » Sous les murs de Leningrad « Une pièce de pierre... »
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« Oh ! Moi, vous savez, toutes ces pièces politiques, cela ne m'amuse pas beaucoup. Par contre, la semaine dernière, j'ai vu une pièce, oh ! Cela, c'était merveilleux. Je me suis amusée, mais amusée... »
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« Et que jouait-on, Natacha ? »
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« Mam'selle Nitouche... »