Combat

14/10/41

 

Depuis l'aube il combat. Il n'est plus que ce geste de combattre. Son être s'est comme réfugié dans le bras qui lance la grenade. Mais l'intensité du geste devient si forte qu'il s'en dédouble. Il abandonne son corps au geste de combattre. Comme dans une préfiguration et peut-être un début de la mort, son âme est entièrement distincte du corps...Et elle voit.

Elle voit d'abord cette berge d'or et la rivière paresseuse. Un paysage de roseaux où débusque la sarcelle. Une barque noire, avec son vivier plein à l'arrière, accrochée par une chaine, une vanne rouillée, les chemins au parfum poudreux de silex. Comme tout demeure soi-même. Et la pente de ce paysage familier entraine l'âme. Continue de combattre le corps. Elle suit la pente des routes. Elle remonte vers une enfance. Elle est un enfant triste un soir de septembre, parce que monte des champs les fumées d'automne. Elle est un tout petit enfant blotti dans le creux de sa mère. Elle est …

L'âme s'est réfugiée dans une exquise solitude. Où êtes-vous, compagnons, dont l'acte était si mêlé au mien que c'en était comme un amour ? L'âme s'est réfugiée hors du corps. Il combat...

Au vrai, il est déjà mort.