Nocturne III

Paris 15 mars 1941

 

Dans le soir sans ombres tout pose en attente. Les rues ouvertes au ciel, les fumées que rien ne bouge, les arbres, les visages expriment une disponibilité. Les enfants ont cessé leurs jeux et le front levé regardent...regardent...

Les ombres une à une tombent au long des maisons, le soir s'est noyé dans le clair de lune. Les choses se sont fondues, vers l'horizon blanc, dans la transparence. Les pas sonnent moins nets qu'au soir, éteints dans l'atmosphère laiteuse. Et l'air nourri de lune pénètre. On le respire. De chacun de ses membres on le boit. On est comme transparent dans le clair de lune.

Et les cœurs ont cru qu'ils étaient comblés, ou bien de l'attente chaque visage est-il devenu un peu plus le visage d'un HOMME ?