Ski

1941

Profusion des neiges...

Avec ce sifflement du vent autour de nous, rien que sur nous.

Les montagnes bouleversées dans notre ivresse de la fuite et les arbres blancs pêle-mêle.

Glissement du ski, comme une soie craque, sur la neige, strideur qui perce le silence...

En vain l'épais silence pèse si dense qu'il faut tout cet émoi pour le fendre, lourd poids des neiges, avec parfois le floc d'une branche qui se déverse.

Là-haut les grandes montagnes vierges planent sur le silence, les archanges calmes du ciel.

Un monde clos entre la neige et le ciel trop dur, d'un vert serré que ne strie aucun chant d'oiseau.

Ah ! Sifflent les skis, monde vaincu, avec une joie comme d'ailes !

Glissent les skis ! Vibrent les skis ! Stridents sur la grande plaine mousseuse.

 

J'ai connu la joie d'être un homme !

Ah ! Qu'il m'appartienne, le monde, l'étendue possédée d'un seul vol !

Joie d’être un homme et presque un ange dans le poudroiement des flocons séchés qui fouettent !

Et le saut, d'un bond, ramassé pour fendre le ciel !