Sonnet pour Eurydice

Janvier/ Février 1941

 

Si proche et séparés, voyageuse de songe,

Si tendrement en moi, mais par un brusque envol,

Te dédoublant, comme l'oiseau de son reflet,

Un fluide reflet sur des eaux fugitives.

 

Et vivante pourtant, si réelle... Les champs

Où je marche, creusant mon pas entre les mottes,

Me sont moins évidents que ta fuyante image,

Enfant dont mon amour suscite le mystère.

 

Ton mouvement te nait et te renait sans cesse.

Successive, comme la note après la note,

Module chaque pas ta frêle figurine,

 

Glisse dans l'air, traçant le signe de ta grâce,

Femme au souple contour de ployante liane,

De chacun de tes mouvements chantante.