La vanne ??? chantait doucement

À Henry Bens

 

Un enfant, les jambes pendantes sur le canal, s'émerveille au mystère de l'eau. L'eau bouillonnante, et puis surtout cette solitude si calme, dans la profondeur où grouille un monde parmi les joncs. Eau pure fourmillante, et ces lunules bleues à la surface, avec les trois grands arbres et le moulin qui se déforme... et tout à coup un long frisson se propage. Cette grande souffrance de la nature quand elle enfante, le vent. Les trois arbres le gonflent et puis se tordent...

A vingt ans on oublie les mystères de l'eau, et tout mystère, il fait bon rire avec le vin et le rire strident de Saskia, Pourtant quel attrait ici rassemble mille plumages venus des îles, et ces armures luisant dans l'ombre et ces personnes  chargées d'or comme dans ces profondeurs l'eau calme...Mais ce rire trop frais, trop clair, - et puis tous les bijoux sont pour Saskia...

Mais Saskia meurt, et puis tout part. On a vendu les beaux plumages, les colliers, on a vendu la maison calme à l'ombre lourde, on a tout vendu... Il ne reste rien que le marin, et Henri Ker Stoffel, la servante – avec ses yeux tendres et pacifiques de tête jaune.

Il n'est pas besoin de couleurs pour ce monde là, ils grouilleront dans la pénombre, comme au fond des heures sous les eaux.

Il n'a ni beauté ni éclat... Nous l'avons méprisé... Vous, Rembrandt, vous l'avez reconnu. Il n'a ni beauté ni éclat mais autour du front ces boucles douces comme des ombres.

 

Et puis il est un peu pour hurler ce moi qui vous manque. Et sans doute un jour vous apparaîtrez. Vous dans votre simplicité première, simple comme aux jours de Sibérie, avec peut-être encore ce vieil évangile entre les mains.

Nous l'avons méprisé...vous, Rembrandt, vous l'avez reconnu. Il n'a ni beauté ni éclat...mais autour du front ces veines,  douces comme des ombres.