Vers toi aux heures de douleur

À Guy d'Yrvan

en témoignage de ma dilection

novembre 1926

 

Vers toi aux heures de douleur, aux heures de tristesse inlassablement je me sens ramené,

Et je refonde chaque fois mon amitié qui s'envole dans les plaisirs qui m'attristent, les plaisirs qui m'attristent  plus, les plaisirs qui voilent ton image, car c'est dans le spleen que je t'ai aimé, et c'est dans le spleen que je te retrouve...

J'ai pressé des bouches sur mes lèvres, j'ai renversé des femmes aux seins polis, j'ai passé ma main dans leurs cheveux, mais je ne les ai jamais aimées,

Et maintenant je les déteste car un temps elles m'ont ravi à toi...

Je n'ai jamais cessé de t'aimer, en elles je n'ai vu que des jouets pour m'exciter à rire ;

Ce rire est ennemi du bonheur, je hais ce rire qui ne vient que de la grossièreté, je hais les sensations bestiales de nos corps...

Et me voici, reviens, oublie que mon âme un instant fut vulgaire et jouissons à nouveau de notre amour épuré, car vers toi aux heures de douleur, aux heures de tristesse, inlassablement, je me sens ramené.