Nocturne pour Vasco

Mai 1928

 

à Michel Mornand

Officier de marine

 

Au seul souci de voyager

outre une Inde splendide et trouble

ce salut voit le messager du temps,

cap que ta poupe double

… jusqu'au sourire du pâle Vasco

Stéphane Mallarmé

 

Pas de lune, et la nuit est vibrante d'étoiles,

Je suis seul sur le pont qu'éclaire un gaz blafard

et je pense aux pays fabuleux, aux départs

dans les ports frissonnants du prélude des voiles...

 

Je pense à toi, surtout, Toi l'ami qui partit

Leurrer ton cœur ardent vers de nouveaux mensonges,

Toi qui voulut la mer entière pour tes songes,

Pour t'évader, et te plonger dans l'infini.

 

Toi qui sus délaisser ce qui n'est pas le rêve,

et qui courus chercher, très loin vers d'autres grèves

d'autres plaisirs plus enfiévrés ; d'autres espoirs !

 

Toi qui sus au bonheur préférer un mirage...

…....................................................................

et mon âme rêvant au bord du fleuve noir

résonne longuement du chant des équipages.