Littérature

Aux portes de la cité

Cahiers de guerre n°1 Avril-Mai 1940

 

Katherine Mansfield et notre destin

Par une curieuse manie les revues veulent toujours suivre l'actualité littéraire. Il ne nous semble pas, pourtant, qu'une œuvre possède une autre actualité que sa concordance avec l'heure que nous vivons. Tous les livres parus depuis la guerre donnent une curieuse impression de « démodé », au sens propre du terme. Ils ne sont pas sur notre registre. Ils nous apportent l'écho d'un monde que nous avons dû abandonner brutalement, et vers lequel nous n'avons même pas la tentation de nous retourner. Nous sommes trop engagés dans la grande aventure où la civilisation et même l'humanité jouent leur destin. Nos regards ne sauraient se distraire et du moment que nous vivons et du monde qu'au-dessus des ruines nous devrons reconstruire.

Certains livres n'ont pour dessein que de nous distraire. Les romans d'aventure nous sont une heureuse diversion, quand nous étreint trop lourdement notre angoisse. Par contre, nous nous sentons éloignés des complications psychologiques à travers lesquelles deux ou trois personnages harmonieusement artificiels dissèquent leurs impressions et leurs sentiments. Voilà pourquoi, aux heures où nous voulons vraiment lire, nous revenons vers quelques auteurs choisis et dès longtemps admirés : ceux qui nous apportent un message. En premier ordre nous préférerons ceux qui nous livrent une âme. Quand tout est remis en question on aime se reposer au bord de ces quelques sources : les écrivains qui nous livrent moins une œuvre qu'une personne. Sous cette rubrique, « Fond de cantine », les cahiers voudraient, chaque numéro, rappeler un de ces témoignages, rechercher une de ces âmes.

Nous avons tous joué au jeu de savoir quels livres nous emporterions dans une île déserte. Nous voici dans cette île déserte où nous ne pouvons emporter que quelques livres soigneusement choisis. Nous les mettrons au fond de notre cantine ou dans notre musette. Nous les relirons au soir où pèsera plus fort notre isolement. Ce seront des amis pour compenser un peu ces amis charnels dont nous voici séparés. Ils les évoqueront d'ailleurs, car ce seront ces mêmes livres dont nous aimions parler avec eux aux heures douces où notre adolescence ne se sentait pas encore menacée.

Dès les premières heures de la guerre, Katherine Mansfield, cette jeune femme vouée à la mort, nous est apparue étrangement fraternelle. Nous nous reconnaissions dans cette voyageuse traquée. Notre brusque déracinement nous rapprochait d'elle. Nous ne pouvions plus rien amasser, nous non plus, que ce qu'on porte dans son cœur. Et ce que Katherine Mansfield portait dans son cœur, c'était un étonnant amour de la vie2.

Visage émerveillé, non seulement par les splendeurs de la création – cette création qu'elle ne devait traverser que si brièvement, – mais par la plus humble réalité quotidienne. Elle a tout aimé de la vie : cette cruche sur une table, ces poires dont on suçait d'abord la petite queue acidulée pour les manger jusqu'au cœur, les grands lys roses de son île battue de vent. C'est l'éblouissement de son œuvre3. Elle a su restituer les minutes les plus intimes et leur poésie secrète. Ses nouvelles tissues de faits minuscules et sans intrigue ne veulent qu'appréhender toujours de plus près la vie. Proust se demande où va la lumière des lampes qui sont éteintes, le son des voix qui se sont tues : Katherine Mansfield les a recueillies4. Vue sous cet angle son œuvre est comme un début de cette éternité où se recompose patiemment une vie que le temps désagrège. Cette œuvre est une présence. La vie porte un autre nom, qui est l'amour. Chez Katherine Mansfield l'amour a restitué la vie5.

L'amour de la vie détermine immédiatement sa position profonde et comme l'orientation de son âme : l'acceptation. En face de la vie, Katherine se tait et se recueille : La vie est à la fois bien plus mystérieuse et bien plus simple que nous ne  pensons. Elle ressemble en cela à la religion. Si nous voulons avoir la foi, car sans  foi nous mourons, il faut APPRENDRE A ACCEPTER6. Je crois que la vertu profonde de Katherine Mansfield fut une certaine sagesse qu'elle a trouvée au fond de son acceptation : Que la vie est merveilleuse dès qu’on s'y donne ! Il me semble que le secret de la vie, c'est de L'ACCEPTER7. Discutez-la tant que vous voudrez, mais d'abord acceptez-la. Les gens d'aujourd'hui restent aux portes de la cité en se demandant s'ils sont pour la Vie ou contre elle, si elle vaut la peine d'être vécue, s'ils vont courir ce risque, ce que cela peut bien être et s'ils l'aiment ou la haïssent. Mais toutes ces questions les tiennent toujours aux portes de la cité. Ce n'est qu'en risquant de se perdre, en se donnant entièrement à la vie qu'on peut trouver la réponse. Ne me croyez pas sentimentale. Je sais comme vous tout le mal qui existe, mais quand même vivons de toutes nos forces, de toute notre vie. Les gens d'aujourd'hui sont pervertis par ce que j'appelle le PERSONNEL : ce qui m'arrive à MOI, regardez-MOI, voilà ce qui m’est arrivé à MOI. C'est comme si on tentait de courir et qu'un énorme serpent noir s'enroulât à vous8.

Accepter la vie, c'est d'abord être sincère. Le mensonge est contre la vie. Il y substitue un artifice. Il ne faut pas altérer la vie : Je fais aussi peu de bruit que possible pour ne pas troubler la vie autour de moi9. L'amour de la vie a mené Katherine vers la vérité. C'est la vérité que nous poursuivons, rien de moins, et c'est ce qui rend la tâche si passionnante10, écrivait-elle de son métier d'artiste. Cette vérité, elle l'exigeait même des choses : Je sens croître ma passion pour la solidité, l'honnêteté en toutes choses ! Il faut que notre demeure soit aussi honnête et solide que notre travail. Tout ce que nous achetons aussi et même ce que nous portons. Je ne puis souffrir les choses fausses11. Elle l'exigeait des êtres aussi12. Les mensonges de la vie lui arrachaient ce cri terrible et qui résonne au plus profond de nous-mêmes : Quelle fatigue, n'est-ce pas, de ne jamais quitter le bal masqué, jamais, jamais13 ! Et cet amour de la vérité devait conduire tout son développement intérieur pour la mener jusqu'à la plus haute expérience spirituelle : Si je pouvais pousser un seul cri vers Dieu, écrivait-elle quelques jours avant sa mort, ce serait : je veux être REELLE. Jusque là je ne vois pas comment éviter d'être éternellement à la merci de la vieille Ève qui est en moi dans toutes ses manifestations. À l'heure actuelle, ce que je sais vraiment, oui vraiment, c'est que si toutes choses m'ont été enlevées les unes après les autres, je ne suis pas du moins anéantie et j'espère – je fais plus qu'espérer – je crois14.

L'amour de la vérité devait l'amener naturellement vers l'amour des humbles, des êtres simples15. Sa petite servante de Bandole et son amie qui était blanchisseuse, sa cuisinière de Menton qui apprêtait avec tant d'art les compotiers. Son œuvre est pleine de ces êtres. Et aussi des enfants. La petite Kezia  où elle se retrouvait elle-même sans doute. Les enfants qui jouaient à avoir peur dans la buanderie. Elle va, par une pente naturelle de son âme, vers tout ce qui est le plus simplement vivant, vers ceux qui adhèrent inconsciemment à la vie et ne connaissent pas le mensonge16.

La lâcheté elle aussi est un crime contre la vie. Elle en est un refus. Elle ne l'accepte pas entièrement puisqu'elle en récuse le risque : Je crois que la plus grande faute de toutes, c'est d'avoir peur17. L'amour parfait chasse la peur. Quant je songe à ma vie passée, je crois que toutes mes erreurs sont venues de ce que j'avais peur... Est-ce pour cela qu'il a fallu que j'envisage la mort ? Rien d'autre ne m'aurait guérie18.

 Mais Katherine Mansfield pousse plus loin encore le sentiment de la vie. Elle pénètre dans la vie jusqu'à son essence spirituelle. Elle épouse si étroitement les choses qu'elle atteint l'esprit immanent en elles : Ma conviction secrète, le credo intérieur qui me fait vivre, c'est que, si épouvantablement laide que soit la Vie et si  vils, cruels, méprisables, que soient les êtres, il y a  pourtant quelque chose derrière tout cela et, si j'étais seulement assez noble pour le comprendre, cela rendrait tout, tout merveilleux d'une manière indescriptible. On n'en a que des lueurs, des pressentiments divins, des signes. Vous rappelez-vous le jour où nous avons cueilli la lavande ? Et quand la musique russe a retenti dans cette salle à demi vide ? Oh ! de tels souvenirs sont de meilleures compensations que je ne saurais dire19. Et cet aveu plus profond encore : J'ai besoin de sentir que toute cette beauté est, au sens le plus profond, rattachée à la vie. À la vraie vie. En vérité je dois avouer que c'est l'esprit qui me fascine dans la chair20.

Dans le principal de ses ouvrages, Charles Du Bos analyse l'appréhension du spirituel dans l’œuvre de Shelley et dans l’œuvre de Maurice de Guérin21. Ce n'est pas le sentiment du sublime, comme dans l’œuvre de Milton, ni un clair sentiment du divin. Katherine était incroyante. Elle ne nous permet pas d'avoir de doute sur ce point22. Tout au moins elle ne croyait pas en l'existence d'un Dieu personnel. Mais, si son esprit demeurait fermé, son âme était trop poreuse à la vie et à la beauté pour que l'Esprit n'y pénétrât pas.  Elle était trop ouverte à la vie pour que l'essentiel s'en dérobât à son amour. Comme dans l'âme de Shelley et de Guérin, l'Esprit qui souffle où il veut avait pénétré et elle vibrait à ce souffle : Voyez-vous, j'ai senti bien des fois ces derniers temps que le silence avait un sens au delà de ces signes, de ces insinuations. Si l'on se soumettait n'y aurait-il pas tout un monde pour vous recevoir23 ? Ou encore : Jamais plus je ne me retirerai de la vie. Je n'ai aucune illusion, mon chéri. Je la connais, je ne suis pas un bébé faisant « a-gou a-gah ! », mais malgré tout je sens en moi quelque chose qui me nourrit, qui me fait exulter et que j'adore24.

Katherine doit tout à la douleur. Elle lui doit son œuvre d'abord. Il n'est que de comparer les nouvelles sèches, incisives, cruelles et souvent superficielles de Pension allemande avec les « histoires » (pour employer un mot qu'elle aimait) tendres et ouvertes à la vie de Félicité ou de la Garden Party. Entre temps elle a connu la douleur : Je ne sais si – le monde étant ce qu'il est – la douleur n'est pas absolument nécessaire. Je ne vois pas comment nous pourrions atteindre à la connaissance et à l'amour autrement que par la douleur... Croire à la douleur, il le faut bien25. Expérience de la douleur. On a beaucoup dit que la souffrance était la mère des grandes œuvres. Entre les Nuits Blanches et l'Idiot, il y a cinq années de bagne. Le Partage de Midi n'est pas la seule œuvre de Claudel qui soit née d'un affreux déchirement. Si Valéry demeure aux portes de la cité sans y pénétrer, n'est-ce pas que son génie, harmonieux d'équilibre, semble étranger à la douleur ? Non pas que la douleur soit un bien ; elle est un mal. Seulement elle dénude l'âme. Elle nous oblige à descendre aux profondeurs de nous-mêmes que nous voudrions éviter de connaître. Elle nous plonge d'un seul coup au cœur de la vie.

Souffrance physique d'une malade frappée à mort : Et la souffrance, la souffrance physique telle que je la connais depuis trois ans ? Elle a tout changé pour toujours, même l'aspect du monde est différent, quelque chose a été ajouté. Tout a son ombre26. A-t-on raison de résister à une telle souffrance ? Voyez-vous, je sens que cela a été un immense privilège. Mais plus encore la souffrance morale. Le pivot des découvertes spirituelles de Katherine Mansfield, aussi bien que de son œuvre, est ce jour de 1915 où elle apprit la mort de son frère27, tué au front. Pages déchirantes de son Journal. Ce jeune mort la hante. Mais aussitôt son adhésion à la vie lui fait découvrir tout le mystère spirituel de la mort. Son frère ne l'a pas quittée. Il vit en elle d'une vie encore plus profonde : Soir de brume, de brume. Je veux noter le fait que, non seulement je n'ai pas peur de la mort, mais que l'idée m'en est bienvenue. Je crois à l'immortalité, parce qu'il n'est pas ici, lui, et que j'aspire à le rejoindre. D'abord, mon chéri, j'ai des choses à faire pour nous deux, ensuite je viendrai aussi vite qu'il me sera possible. Mon cher cœur, je sais que tu es là, je vis avec toi et c'est pour toi que j'écrirai. D'autres aussi sont proches, mais ils ne sont pas tout près de moi. À toi seul j'appartiens, comme tu m'appartiens, toi. Personne ne sait comme je suis avec toi souvent. En vérité, je suis toujours avec toi et je commence à sentir que tu le sais... à sentir que, lorsque je quitterai cette maison, cet endroit, ce sera avec toi, pour n'être plus jamais séparée de toi, même pendant le plus bref instant. Tu m'as. Tu es dans ma chair comme dans mon âme. Je donne à d'autres mon surplus d'amour, mais à toi je tends, à toi je donne mon amour le plus profond28.

J'ai des choses à faire pour nous deux... c'est son œuvre. Entre elle et ce jeune mort s'établit un lien dont son œuvre sera l'expression. Elle fera revivre pour lui leur passé, elle ressuscitera leur vie, elle en créera l'éternité. Son œuvre sera, au sens propre du terme, un acte de religion : A présent, tandis que je trace ces mots, que je parle de retrouver l'atmosphère de la Nouvelle-Zélande29, tu es en face de moi avec tes yeux pensifs, tes yeux qui voient. Oui, je m'adresse à toi. Chaque fois que je prends la plume, c'est toi qui es avec moi. Tu es mien. Tu es mon camarade de jeu, mon frère, et nous allons parcourir ensemble tout notre pays. C'est avec toi que je sais voir, c'est ta présence qui rend ma vision si claire... Quand bien même j'écrirais et je réécrirais sans cesse, je ne faiblirai pas véritablement, mon cher aimé, et le livre sera prêt et achevé30.

L'acceptation de la vie avec son cortège de joies et de douleurs n'est pas, chez Katherine Mansfield, une acceptation passive. Rien de la non-résistance au mal d'un Tolstoï. L'acceptation chez Katherine est une adhésion. Elle est plus encore. Il faut s'ouvrir à la vie, la pénétrer : Mais, comme tout dans la vie, je veux dire toute souffrance si grande soit-elle, il nous faut la surmonter, cesser de maugréer, la supporter en souriant et cacher nos plaies. Plus encore, il faut trouver le don qui y est caché. Cette adhésion active, pour trouver le don caché de la vie, suscite chez Katherine Mansfield le goût de se parfaire. Sa vie est une ascension : Je tombe à genoux devant l'amour et la beauté. Si seulement je pouvais m'en rendre digne31. Mais si son acceptation n'est pas une acceptation passive, si elle veut se surmonter, nous ne trouvons rien de stoïque en elle, ni aucun orgueil. Vouloir se surmonter, tendre vers la grandeur, ce fut aussi la noblesse de Barrès et cette attitude le rend plus proche de nous que sa médiocre philosophie, fut-elle orchestrée par les violons les plus émouvants. Mais Katherine en se surmontant ne tend pas vers la grandeur. Elle diminue, au contraire, pour que croisse en elle la vie. Il est une phrase de l'Évangile qu'elle répète souvent : il faut perdre sa vie pour la sauver. S'ouvrir à la vie, ne point s'y dérober, voilà son travail spirituel. Pour s'ouvrir à la vie, pour que la vie pénètre son œuvre, pour atteindre au don caché – la vérité – elle se retire aux derniers mois de sa vie dans une sorte de couvent théosophique. Elle n'y cherchera plus rien d'autre : J'ai traversé une petite révolution. J'ai subitement décidé (car à la fin ç'a été soudain) d'essayer d'apprendre à vivre d'après mes croyances, ni plus ni moins, au lieu de continuer, comme je l'ai toujours fait, à vivre d'une façon et à penser d'une autre. Je ne veux pas dire superficiellement, bien sûr, mais au sens le plus profond j'ai toujours été désunie. Et ce sentiment qui a été pendant des années mon « chagrin secret » est devenu maintenant tout pour moi. Je ne peux plus vraiment faire semblant d'être quelqu'un tout en étant une autre personne, voyez-vous. C'est une mort perpétuelle. J'ai donc décidé de faire un grand nettoyage de tout ce qu'il y avait de « superficiel » dans ma vie passée et de recommencer tout afin de voir si je puis parvenir à cette vie simple, vraie, pleine, que je rêve. J'ai passé des moments terriblement durs avant d'en arriver là32.

Cette expérience la mènera à la mort. Trois mois après elle succombe presque subitement. Manque des précautions nécessaires à sa santé chancelante, sans doute, mais surtout parce qu'elle était allé trop profond dans le secret de la vie. Elle lui a tellement ouvert son âme que la Vie tout entière pénétrée et l'a prise en Elle.

« J'arrivai à Avon dans l'après-midi du 9 [janvier 1923], écrit son mari John Middelton Murry, je n'ai jamais vue et ne verrai jamais un plus beau visage que celui qu'elle avait ce jour-là. On eût dit que l'exquise perfection qui avait toujours été la sienne avait pris possession d'elle complètement. Pour employer son expression, le dernier grain de « sédiment », les dernières « traces de dégradation terrestre » avaient disparu pour toujours. Mais elle avait perdu sa vie pour la sauver33 . »

Peut-être la grâce la plus profonde que nous ait valu cette guerre fut-elle de nous jeter « en plein » dans la vie, aussi douloureuse soit-elle. Le message de Katherine Mansfield en prend à nos yeux une singulière valeur. Nous aussi nous savons que la vie est dure, plus dure qu'aux pires heures nous ne l'imaginions, et pourtant plus qu'autrefois encore nous savons qu'elle est belle. Et nous savons aussi qu'elle ne vaut qu'en y adhérant de toutes ses forces, en l'acceptant. Après vous, Katherine, nous avons franchi les portes de la cité : ce sont les portes de la douleur. Puissent-elles s’ouvrir pour nous aussi sur un approfondissement chaque jour plus grand de nous-mêmes. Puissent-elles être pour nous aussi les portes de la vérité, les portes de l'amour, les portes de la vie.

 


2 « Je suis amoureux de la vie d'une façon terrible », Lettre à William Gerhardi, 21 novembre 1921, Lettres, p. 267.

3 « Quelles bêtes petites choses je vous raconte là, - mais elles forment une sorte de vie –  elles font partie d'une vie que j'aime. C'est une espèce d'allégresse – la certitude de vivre - non pas de supporter ni d'exister, mais d'être vivant. », Lettre à John Middelton Murry, octobre 1920, Lettres, p. 181.

4 « Que peut-on faire en face de cette belle chute de fruits ronds et éclatants, sinon les ramasser, jouer avec eux, se transformer en eux ! » Lettre à l'honorable Dorothy Brett, 11 octobre 1917, Lettres, p. 59.

5 « Pour moi, je sens que j'ai besoin de vivre dans l'amour – dans l'amour de toutes choses. Pénétrer tout si profondément et si réellement qu'on l'aime. J'avoue que je n'ai l'impression de bien faire que lorsque je vis avec amour. Je ne parle pas d'un amour personnel, vous comprenez, mais d'un sentiment infini. » Lettre à Richard Murry, janvier 1920, Lettres, p. 145.

6 Lettre à l'honorable Dorothy Brett, 9 mars 1922, Lettres, p. 302. c'est KM qui souligne.

7 C'est elle qui souligne.

8 Lettre à Richard Murry, février 1920, Lettres, pp. 137-138.

9 Lettre à John Middelton Murry, 22 novembre 1919, Lettres, p. 118.

10 Lettre à Arnold Gibbons, 24 juin 1922, Lettres, p. 322.

11 Lettre à John Middelton Murry, 4 mars 1918, Lettres, p. 77.

12 « Le manque de vie sur ces visages est affreusement triste », Lettre à SS Koteliansky, 1er février 1922, Lettres, p. 286. Cf. aussi la lettre à John Middelton Murry du 10 mars 1918, Lettres, p. 79.

13 Lettre à Lady Ottoline Morrel, 28 juin 1919, Lettres, p. 101.

14 Lettre à John Middelton Murry, 26 décembre 1922, Lettres, pp. 342-343.

15 « Ah ! Brett, combien j'aime les êtres simples – pas tous, car certains ne sont que de simples porcs – mais, dans l'ensemble, combien ils sont plus sympathiques que les grands de ce monde ! Quels qu'ils soient, ils sont vivants. Ce que je ne puis souffrir, c'est cette demi-existence. Cette vie purement cérébrale. C'est à mourir d'ennui ! » Lettre à l'honorable Dorothy Brett, 26 février 1922, Lettres, p. 296.

16 Sur ce point, voir la lettre à l'honorable Dorothy Brett du 9 mars 1922, Lettres, p. 301.

17 C'est KM qui souligne.

18 Lettre à John Middelton Murry, octobre 1920,  p. 178. Elle appliquait à son art cette horreur de la lâcheté : « J'ai regardé pas mal d’œuvres modernes ces derniers temps, et il me semble que ce qui les gâte, c'est une espèce de peur. Les écrivains, du moins, ont tellement conscience d'eux-mêmes aujourd'hui, que leur sentiment de la vie semble être complètement arrêté. C'est triste... Pour être sincère, je dirai que la raison en est, à mon avis, que les êtres ont trop peu d'amour au fond du cœur les uns pour les autres. « L'amour exclue la peur », c'est une de ces vérités dont on a la preuve tous les jours. Et dès qu'on est sans peur, on est libre, c'est la peur qui nous rend esclave... » Lettre à Richard Murry, 9 août 1921, Lettres, p. 242.

19 Lettre à Lady Ottoline Morrel, juin 1918, Lettres, pp. 90-91.

20 Lettre à l'Honorable Dorothy Brett, 29 août 1921, Lettres, p. 246. Katherine a toujours eu la passion des âmes : « Oh ! cette beauté de l'âme humaine – cette beauté – cette beauté ! Ne l'oublions jamais. Duhamel la connait. Il y en aura d'autres... » Lettre à John Middelton Murry, 18 juin 1918, Lettres, p. 89.

21 Charles Du Bos, Du spirituel dans l'œuvre littéraire, Vigile.

22 Lettre à John Middelton Murry, octobre 1920, Lettres, p. 178. Et pourtant, la page 63 du Journal, et cette lettre, presque la dernière, du 26 décembre 1922 ? Ses idées sur ce point sont surtout obscures et se contredisent.

23 Lettre à John Middelton Murry, octobre 1920, Lettres, p. 178.

24 Lettre à John Middelton Murry, 25 janvier 1920, Lettres, p. 133.

25 Lettre à Arnold Gibbons, 13 juillet 1922, Lettres, p. 326.

26 C'est KM qui souligne ce mot admirable.

27 Il faut lire les pages du Journal (pp. 50 à 78), écrites immédiatement après la mort du « Chummie ». Jamais Katherine Mansfield n'a atteint si haut, et jamais sans doute il ne nous a été donné de pénétrer si profondément dans une âme.

28 Journal, pp. 53-54.

29 Son pays et celui de son enfance avec « Chummie ».

30 Journal, p. 65.

31 Lettre à l'Honorable Dorothy Brett, 26 mars 1920, Lettres, p. 149.

32 Lettre à John Middelton Murry, 21 octobre 1922, Lettres, p. 337.

33 Note finale de John Middelton Murry au Journal, p. 260.