L'Afrique courtisée cédera-t-elle à la tentation asiatique ?

Une question de courage

Cette réforme dans nos méthodes, en vue d'affermir la symbiose économique entre la France et l'Afrique francophone, suppose évidemment d'autres changements. La zone franc se ressent, elle aussi, d'avoir été pensée au temps de l'unique souveraineté française. On ne l'a modifiée que bribe par bribe, comme on coud des pièces à un vieux manteau.  Ce vêtement d'Arlequin craque. On se scandalise, à juste titre, que la France accorde à ces pays (qu'elle encourage ainsi à de dangereuses politiques de facilité), trop de subventions d'équilibre budgétaire au détriment d'une véritable assistance économique.

Dans l'état actuel des structures de la zone franc en peut-il être autrement ? Les États africains demandent des avances de trésorerie, bien difficiles à refuser, qui, en fin d'année, ne peuvent guère se solder que par une subvention d'équilibre budgétaire. Le tout échappe aussi bien au contrôle qu'aux contreparties. C'est dire que de nouvelles structures s'imposent.

L'Afrique évitera-t-elle de succomber à l'insidieuse menace asiatique ? Nous l'avons vu, cela dépend d'elle, dépend de l'Europe, dépend de la France. Ce continent francophone sera-t-il lui-même ? Affrontera-t-il son nouveau destin ? Le dégagera-t-il de la tourbe des sous-développés ? Il a tous les atouts en main pour y parvenir. De sa part, c'est une question de courage ; de la part de la CEE, une question de persévérance dans ses engagements ; de la part de la France, pour s'adapter à une situation neuve, une question d'imagination créatrice.