L'Afrique courtisée cédera-t-elle à la tentation asiatique ?

La véritable opposition

Il faudrait craindre pourtant certaines réactions sentimentales, l'Africain tempère de bon sens paysan son affectivité : elle est quand même profonde et l'un des aspects attachants de sa personnalité. Le plus grand risque pour lui est qu'on « fasse vibrer la corde sensible » en insistant sur l'illusoire solidarité des peuples en émergence.

Solidarité ? Je ne suis pas sûr que ce sentiment anime M. Nehru quand il lorgne Madagascar et toutes les Afriques orientales à travers un Océan Indien dont, en hindou ou en bengali, le nom doit se prononcer « mare nostrum ». Car justement, l'Asie voit en Afrique, où jusqu'au dernier siècle les pénétrations se sont toujours effectuées d'est en ouest, un grand déversoir pour ses marchandises d'abord, pour ses populations ensuite. Mais encore une fois on peut craindre la transposition entre peuples d'une sorte de solidarité de classe.

Or, cette solidarité n'est qu'illusion. La lutte aujourd'hui n'est pas entre nations industrialisées et sous-équipées. L'abondance des aides occidentales proposées en Afrique, même si à juste titre certaines de ces propositions doivent être regardées avec scepticisme, en témoigne. Plus encore les réactions du FAC et du FED qui, elles, ne sont pas des leurres. Nous croyons pouvoir affirmer que l'Europe a suivi une évolution parallèle à la décolonisation africaine : elle a perdu l'esprit colonial.