L'Afrique se préservera-t-elle de l'Asie

Une Afrique courtisée

Nulle semaine qu'on ne nous annonce quelque mission commerciale étrangère en Afrique et à Madagascar. Les Ambassades, et c'est normal, se multiplient. Mais elles se doublent de missions d'assistance économique. Les États-Unis à eux seuls en ont ouvert six. L'Allemagne dissémine ses bureaux d'étude, et l'Italie multiplie congrès et colloques. La Tchécoslovaquie propose des prêts, il est vrai remboursables en dollars. La Chine populaire ouvre des expositions ; relayant ou distançant son amie l'URSS qui réserve ses soins à la Guinée. Enfin, la RAU propose son aide technique sur laquelle nous nous permettrons de rester rêveur. Si ces aides étaient efficaces, et les résultats étaient proportionnels au nombre des missions, si par miracle les réalisations succédaient aux mirages, l'Afrique serait en passe de devenir un eldorado industriel, pour contradictoires que soient ces termes. Avant un an elle retentirait du Nord au Sud et d'Est en Ouest du tintamarre de ses usines.

Avec leur bons sens naturel, toujours teinté d'ironie, tels que leurs proverbes nous ont appris à le connaître, les Africains regardent ce défilé d'un œil amusé. Un sourire gentiment sceptique accueille les mirifiques promesses. Pour se prononcer, on attend que les réalisations s'esquissent.