Nous avons évité à notre Afrique le sort du Congo

Pour une Algérie communautaire

Et l'Algérie ? Avec son rapporteur Fonlupt Esperaber, le MRP a attaché son nom au statut de 1946. Appliqué, celui-ci eût évité le drame qui se déroula depuis. En effet, il remettait progressivement le sort de l'Algérie entre les mains de tous les Algériens. Les gros colons ont préféré le saboter. On a truqué les élections. On a, d'exactions en exactions et de déni de justice en déni de justice, jeté les Algériens dans la révolte. Et depuis lors, le MRP n'a jamais eu le droit de pénétrer au Gouvernement général de l'Algérie, ni de faire semblant de commander depuis la place Beauvau ses gouverneurs généraux.

Résoudre la question algérienne c'eût été faire cohabiter ceux qu'on appelait les Algériens d'origine européenne avec ceux qu'on appelait les « Algériens de souche ». Nous n'admettions pas que l'écrasement d'une des deux communautés par l'autre fut une solution. Pour leur cohabitation, nous avions proposé, notamment à travers la loi-cadre, des solutions qu'ont toujours amputées et rendues inefficaces ceux mêmes qui avaient saboté le statut de l'Algérie. En effet, nous voulions éviter et les ratonnades et que les Français, qui, sauf exception, n'étaient pas de « gros colons », mais de pauvres gens, fussent « rejetés à la mer ». Or, nous savions, nous qui pourtant n'avions pas parlé de « Français à part entière de Dunkerque à Tamanrasset », que la proclamation de l'indépendance signifierait et l'une et l'autre. Devant l'Histoire, quelqu'un en a pris la responsabilité.

Et puis, depuis ce printemps, n'avons-nous pas compris tous les prolongements de l'impérialisme arabe et qu'on pouvait ne pas se résigner d'avance à les subir ?