Un problème politique : l'association du Nigeria au Marché commun

La grande puissance de l'Afrique

Le marché industriel des six, lui aussi, peut pâtir de l'association du Nigeria. Déjà, une usine Dunlop écoule ses pneus en Europe ; déjà, la filiale que l'Eternit belge vient de monter à Lagos produit des joints pour tubes de fibrociment dans des conditions telles que Hambourg renonce à leur fabrication. Dans trois ans, l'industrie textile du Nigeria suffira pour couvrir le marché intérieur et, sur cette lancée, voudra fatalement exporter. Il est symptomatique que dans sa demande d'association, le gouvernement nigérien ait glissé une phrase discrète, mais efficace, en vue d'obtenir des facilités pour l'écoulement en Europe de cette production textile.

Pour l'Afrique noire francophone, comme pour l'Europe, la demande d'association du Nigeria pose un problème (encore une fois qu'on s'en réjouisse ou qu'on s'en effraie) car il ne s'agit plus – comme dans d'autres associations – d'une assistance, mais de la politique à choisir vis-à-vis d'une virtuelle grande puissance, la grande puissance de l'Afrique.