Silve d'ennui.

Plouaret 26/12/1954

 

Silve d'ennui.

Des phares tournent dans la nuit.

Conversations sans suite et chanson indistincte au loin.

J'attends, tu attends le train, le train de nuit.

O tristesse du café de la gare où dans le fond des tasses le temps croupit,

Avec pour seul passe-temps ce commencement de parole à la surface de l'esprit qui point.

 

Longue attente, lent ennui de l'existence dans une gare en attendant le train qui passe.

C'est pour toi qu'il siffle et le mien passe plus tard et va très loin.

Temps épais qu'une épaisse fumée à peine efface,

Temps sûri qui laisse au fond de mon verre une trace,

Si tu enfantais un peu de parole durable au moins.

 

Les phares braquent dans la nuit

Des regards de bête sur le carreau que le temps essuie.

Des millions de fourmis courent les routes de la terre

Tandis que mes yeux essuient le fond de mon verre.

Des millions de corps se lovent dans les draps.

Tous attendent le train, le train de nuit qui passera.

 

C'est le sifflet, c'est l'heure, voici pour toi le wagon-bière.

C'est le temps de boucler la valise et de rincer les verres.

En route pour la belle nuit à travers le cœur de la terre.

L'attente dans le café de la gare et le long ennui,

Le temps croupi ici.