Port de mer

À Michel Momand

 

C'est un port gris et morne où de vieux steamers fument,

un port sale, jonché de cordages épars ;

des matelots chômeurs, en quête de départs,

s'accrochent sans désir aux putains dans la brume.

 

Mais demain, les bateaux soudain ragaillardis,

dardant au ciel leurs mats pavoisés d'oriflammes

partiront sur les flots moirés d'huile, qu'acclame

le chant des matelots, purs, soudain, et hardis.

 

Et c'est un rêve de pays où vous enfièvre

le chaud parfum du  corps des femmes, et leurs lèvres...

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mais ces pays sont tous pareils sous d'autres noms ;

 

Et les mêmes bateaux où la rouille persiste,

dépavoisés, tous feux éteints, sans pavillons,

ramènent vers les quais le mêmes bougres tristes.