Sonnet pour Eurydice

Si proche et séparée, voyageuse de songe,

Si tendrement en moi, mais par un brusque envol

Te dédoublant, comme l'oiseau de son reflet,

Un fluide reflet sur des eaux fugitives.

 

Et vivante pourtant, si réelle... Les champs

Où je marche, creusant mon pas entre les mottes,

Me sont moins évidents que ta fuyante image,

Enfant dont mon amour suscite le mystère.

 

Ton mouvement te naît et te renaît sans cesse.

Successive, comme la note après la note,

Module chaque pas ta frêle figurine,

 

Glisse dans l'air, traçant le signe de ta grâce,

Femme au souple contour de ployante liane,

De chacun de tes mouvements chantante.