Nostalgie

Château de la Baume août 1927

à mon ami Michel Mormand

qui aime la mer

 

Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !

Stéphane Mallarmé

 

 

Les matins lumineux où la mer est diaphane

et semblent rayonner une aube de clarté ;

le rythme du ressac si clair des nuits d'été ;

le soleil sur les flots ; les goémons qu'on fane ;

 

Et les horizons clos entre les pins bleutés,

enchantés du sourire étrange des morganes ;

Le bateau qui louvoie et glisse sous les lianes,

La lune ornant de poissons d'or l'immensité ;

 

Les vagues d'argent clair qui frangent la mer glauque ;

et le vent d'équinoxe au souffle dur et rauque,

chargé d'embruns, au parfum d'iode, au goût amer ;

 

Les sardiniers, tout ruisselants d'argent fluide,

laissant tomber, au long des quais leurs voiles vides,

me hantent...

Oh m'enfuir n'importe où vers la mer.