Le navire

1928

 

Église, nef sans naufrage, vaisseau des âmes,

Je viens chercher la paix à l'ombre des piliers

Dardés au ciel, comme les mats de hauts voiliers,

Auxquels les arcs ogifs font un gréement de flammes.

 

Les chants grégoriens roulent comme des lames,

Et la paix, dans la nef, semble se déployer...

La paix des morts, dans leurs tombeaux, d'ombres noyés,

Qui reposent sous l’œil clément des Notre-Dame,

 

La paix du jour marin qui t'éclaire, filtré

Par les vitraux dans les ogives encastrés...

Mais ce n'est pas cela qui te rend belle et pure :

 

C'est la mystique ardeur qui, d'un souffle emporté,

Engouffrant notre foi dans ta voûte, – voilure,

Semble pousser ta nef au port d'éternité.