La naissance d'Aphrodite

 

Août 1926

Le couchant pavoisait la mer céruléenne,

Et le flot murmurait, monotone et troublant,

Il festonnait la grève en un long feston blanc,

Et la nuit descendait lentement sur la plaine...

 

Le silence était grand sur la terre encor vierge,

L'homme n'était pas né, les dieux étaient au ciel,

Les abeilles volaient sans qu'on prenne leur miel,

On n'avait pas bâti de ports au long des berges.

 

Le couchant pavoisait la mer céruléenne

quand sortant d'une vague, une femme parut,

des coraux et des fleurs revêtaient son corps nu,

et seule, elle avançait sur la mer souveraine.

 

Ses cheveux lumineux roulaient sur ses épaules,

Nimbés des reflets d'or qu'y jetaient le soleil,

Et dans le soir tombant ses seins luisaient vermeils,

Fleurissant sa poitrine de deux rouges corolles.

 

Le flux devint plus doux, la vague plus petite,

Et la mer fredonna ses plus tendres chansons,

toute elle ruissela de l'argent des poissons,

Qui dansaient sur les flots... Car c'était Aphrodite,

 

Qui tordait ses cheveux roux aux ondes frémissantes

Qu'auréolait de feu le beau couchant d'été,

Et nue. Elle naissait de la mer caressante,

Car c'est des grands flots bleus que naît toute beauté.