Nocturne (III)

Le soir s'éteint, la lune monte à l'horizon

Et comme un fruit sanglant émerge des feuillages,

le fleuve d'or pâli traîne de longs sillages

de paillettes d'argent qui tremblent en frissons...

 

Le ciel laiteux, d'un bleu perlé, troué de lune,

des nuages du soir déjà s'est dévêtu.

Nul vent, nul bruit, le peuplier même s'est tu

et la nuit a saisi la terre en ses mains brunes.

 

O nuit magicienne et trouble de splendeur,

Qui scintille du gel des pierres inconnues,

nuit métallique et rutilante de froideur,

 

O nuit de chasteté, nuit d'amour contenues,

notre chair frémissante éteignant les ardeurs

Semble se fondre en toi.

O nuit pâle !

O nuit nue.