Allusion à l'Extrême-Asie

Aide aux pays sous-développés

C'est un dos.

Un dos noir sous la chemise déchirée, un dos où glisse en minces filets la sueur. Le muscle mince et long cache mal le squelette – le squelette à chaque tour de roue désarticulé.

C'est un dos. À peine verrai-je un visage rôdé par la misère, fondu, effacé, fruste comme un galet roulé par la mer, un visage où les yeux se délaient dans le front et les joues, avec seulement une bouche énorme, béante sur quelques chicots, ouverte dans un éternel inassouvissement.

Un homme, non, un dos d'abord ; et puis un instrument, le cyclo-pousse ; un homme qui a même pris le nom d'une machine.

C'est un dos.

Mouvantes algues de douleur à peine affleurantes dans la nuit moisie. L'homme n'est même plus animal ici, mais plante. Herbeuse pourriture humaine.

Dans les marigots croulent des masures noires, au long des sampans noirs, vers l'eau épaisse et roussâtre. Un palmier, un ancien balustre simulent parfois un paysage. Enchantement vite dissipé : sur le balustre, accrochées au palmier, sèchent des loques. Du fleuve lourd de détritus monte une odeur sucrailleuse de pus...

Et sur la terre bourbeuse d'urine un enfant joue avec un trognon de chou.