Nous avons évité à notre Afrique le sort du Congo

Une coopération avant la lettre

Donner des pouvoirs politiques sans assurer le mieux-être économique eût été un leurre. Dès 1945, Louis Aujoulat demandait un plan. Son vœu a été réalisé par le plan décennal. On peut attacher le nom de Paul Coste-Floret à sa première tranche et celui de Pierre Pflimlin à la seconde. À l'expiration de ce plan, le revenu national des États africains avait considérablement augmenté. La politique de coopération portait dès cette époque ses fruits, même si elle était avant la lettre. J'en apporterai une preuve : le rapport Aujoulat jetait un cri d'alarme parce que l'Afrique noire se dépeuplait, décimées par les endémies et les famines. En 1958, on s'inquiétait au contraire de voir le taux de la natalité avec 2,50% dépasser même celui de l'Algérie. Entre temps, on avait apporté la nourriture et la santé.

Parmi tous nos amis qui ont travaillé à cette œuvre, je n'en citerai qu'un seul, parce qu'il fut un des plus purs, parce qu'il a vécu à fond notre idéal : André Peytavin. Au jour où disparaît le MRP, je l'évoque avec ses yeux clairs, son sourire un peu timide et ses cheveux mal plantés. Comme responsable des étudiants de la Seine d'abord, comme vétérinaire à Bamako puis à Dakar, comme ministre des Finances du Sénégal pendant sept ans, il a vécu notre idéal. Il l'a incarné dans les faits, édifiant l'Afrique des Africains. Il en est mort43 .


43 Je signale que vient d'être créée une association des Amis d'André Peytavin, avec pour président d'honneur Léopold Senghor, et comme président effectif, Alain Poher.