Sous la marée du coton bleu

Quand la Russie « gagnait » la Chine

Car leur mariage est contre nature.

Sans doute, on énumère des analogies entre ces peuples. Dans son livre Chine et Russie, Krakowsky les répète de page en page. Mais déjà Krakowsky ajoute la parenté des races, et l'analogie est plus douteuse. Chine et Russie se sont partagées des peuples asiates, mais les ethnies qui prédominèrent et créèrent leurs civilisations respectives sont étrangères. Chine et Russie ne communiquent que par leurs colonisés. Je ne crois pas qu'avoir partagé l'Afrique ait donné à la France et à l'Angleterre beaucoup de caractères communs. Au contraire, l'Extrême-Orient agraire de la Chine rejoint notre Extrême-Orient paysan. Fonction primordiale de l'Empereur céleste : tracer un sillon avec la charrue. Les ancêtres des souverains russes, eux, ont chevauché dans les steppes. Nous sommes fils de beaucoup plus de préhistoire que d'histoire. Les siècles n'abolissent pas les millénaires. Et même, l'histoire de la Chine comme l'histoire de l'Europe ne sont-elles pas des parallèles poussées pour contenir cette Asie nomade de l'intérieur que René Grousset a baptisée « le conservatoire de la Barbarie » ?

Sa position prépondérante en Chine, la Russie ne la doit à aucune fatalité, à aucune affinité des races. C'est le fruit de l'intelligence humaine qui, elle aussi, crée l'histoire. Et si l'association de la Chine et de la Russie est un fait, si dès 1840, Adam Mickliewicz l'annonçait dans un cours au Collège de France, c'est que les tsars ont suivi, puis légué à leurs successeurs une tradition politique efficace : la création des satellites.

La diplomatie des tsars  vis-à-vis de la Chine préfigure la tactique communiste du Front National. Point de ces interventions directes qui discréditent à jamais l'Occident. Celui-ci affichait avec brutalité son colonialisme mercantile. Il imposait ses comptoirs.  Le colonialisme de la Russie, sans doute parce qu'il était plus vraiment impérialiste, savait se faire plus insinuant.  « Les États-Unis, comme d'ailleurs la Grande-Bretagne et la France, ne voulaient guère voir dans la Chine que des comptoirs à fonder, un marché à conquérir, écrit Krakowsky. La Russie, au contraire, y voyait d'abord une nation à gagner. » Prenons ce mot « gagner » dans son sens figuré et  le plus absolu. Déjà Mendeilev proposait à Nicolas II de se faire de la Chine une alliée. Mais c'est une alliée considérée comme une dépendance : encore une fois, un satellite. Cette politique a été définie, toujours sous Nicolas II, par son ministre des finances, le comte de Witte : « La Russie, à la fois par sa position géographique et par son histoire, a le droit incontestable à la part du lion dans le partage de la Chine. Il est évident que ni le territoire de Quan-Toun, ni celui de la Mandchourie ne peuvent être le but final de la Russie. Étant donné notre énorme frontière avec la Chine et notre situation exceptionnellement favorable, l'absorption par la Russie d'une portion considérable de l'empire chinois est seulement une question de temps. » Mais de Witte indique aussitôt la méthode : « Notre but principal est de tâcher que cette absorption s'effectue naturellement, sans précipiter les événements, sans démarches prématurées, sans saisie de territoire. » « Séduire plutôt que réduire », a-t-on pu définir cette politique. Pour y parvenir, la Russie entre dans le jeu intérieur de la Chine. Elle négocie, comme les autres puissances, avec le gouvernement impérial, mais elle le sait miné par les sociétés secrètes et elle s'abouche avec ces sociétés. Elle use de tous les modes de pénétration pacifique. Elle s'insère dans le circuit économique, dès 1910, en se faisant concéder le chemin de fer de l'Est Chinois. Impériale ou soviétique, la Russie joue de toutes les divisions de la Chine, ainsi de Tchang So-Lin contre Tchang Kaï-Chek. En 1939, le protocole de Khabarovsk est la réplique exacte de la Convention de 1910.

L'habileté russe a trouvé un constant secours dans l'absurdité des Occidentaux. Les sinologues étaient pourtant nombreux et leurs avertissements n'ont pas manqué. Les Européens, emportés par l'élan qui leur avait assuré la domination du monde, n'ont pas pris la peine d'observer quelle résistance pouvait leur apporter la Chine. Ils n'ont pas su comprendre que, malgré la décomposition de ses structures politiques, malgré ses famines, elle n'avait pas atteint le seuil de la colonisabilité. Misérable mais travailleuse, anarchiste mais nationale, la Chine pouvait être vaincue, conquise, asservie, non colonisée. Ils n'ont pas compris non plus que la misère du paysan chinois portait en germe une révolution, misère trop laborieuse pour une résignation à l'indienne. Quand bouillonnaient des forces obscures affleurant dans les sociétés secrètes, les Occidentaux ont continué de croire en une Chine figée. Si parfois même ils ont voulu la secourir, ils lui ont apporté des vêtements ou du blé, mais non la seule chose qu'elle leur réclamait vraiment et que la Russie allait déverser à flots : une idéologie à sa mesure. Et ils ont mis dans leur refus l'opiniâtreté du mauvais industriel qui s'obstine à imposer à sa clientèle ce qu'il fabrique, au lieu de produire ce qu'elle désire.

Au profit de la Russie, l'idéologie a parfait une longue œuvre diplomatique. La philosophie marxiste s'est trouvé des correspondances et des points d'appui dans les vieilles philosophies chinoises. Ainsi s'explique la rapidité de son expansion et la profondeur de son succès : athéisme traditionnel de la Chine, recherche d'un bonheur qui ne soit que terrestre. « Aucune civilisation plus que la civilisation chinoise ne s'est plus intéressée à l'homme au détriment des dieux ». Aucune surtout n'a fait à un tel point de l'ordre social le but même de l'humanité. « L'âme chinoise est profondément satisfaite de contempler une société où toutes choses sont ce qu'elles doivent être. » Enfin, la Russie a tiré du marxisme une doctrine de surhomme interprète du sens de l'histoire. En Chine, cette doctrine rencontre une tradition sociale du pouvoir : la seule tradition sacrale de la Chine. Au surplus, l'Empereur instaure l'ordre cosmique, comme le génial Père des Peuples, même caché sous la bonhommie de Krouchtchev, instaure l'ordre historique. M. Jean de Ligny, qui sans doute a mieux analysé les rapports entre la pensée chinoise et la pensée marxiste, va plus loin : il rapproche la tension dialectique et le rythme du Ying et du Yang, sous-jacent à toutes les philosophies de la Chine. Thèse, antithèse, synthèse dans la mobilité des concepts... de la triade hégélienne au Tao.

André Malraux a tout dit en une phrase des Conquérants : « La révolution française, la révolution russe ont été fortes parce qu'elles ont donné à chacun sa terre : cette révolution chinoise est en train de donner à chacun sa vie. Contre cela, aucune puissance occidentale ne peut agir. » Parce que la Russie a fait lever cette lueur sur le désespoir des campagnes chinoises, un lien très étroit s'est noué. Il est si puissant qu'il dissipe jusqu'à des méfiances légitimes. Quel dirigeant chinois peut ignorer la volonté colonisatrice de l'URSS à l'aube de la révolution qu'elle a propagée ? Les Chinois savent quels traités le Kremlin a extirpés de leurs faiblesses. Ils savent aussi les concessions que celui-ci obtint de Tchang Kaï-Chek en déroute, dans le seul dessein de les leur opposer, quand enfuis les ambassadeurs occidentaux, celui de l'URSS collait aux talons du Kuomintang agonisant.  Mais d'abord la crainte des États-Unis, la haine de l'Europe sont plus fortes. Et puis l'heure de la commune expansion n'est pas celle où l'on règle entre soi les vieux comptes.

On ne « satellise » pas la Chine.

Pourtant, ce mariage longuement mûri par la volonté des hommes, mais si contraire à la nature, n'est pas une union indissoluble. L'URSS a joué comme un atout maitre la carte chinoise. Mais plus tard, beaucoup plus tard, elle la perdra. Elle la perdra, elle l'a déjà perdue, parce que la Chine ne sera pas le satellite rêvé par de Witte, mais un égal. Elle la perdra, elle l'a perdue, parce que le communisme de la Chine ne sera pas le sien. Elle a semé le marxisme à la Russe. Elle ne le récoltera pas, car, élaboré par la Chine, il sera devenu méconnaissable.

Déjà la Chine l'entraîne hors des voies qu'elle s'était tracée. 1950 est une date décisive. Mao affirme son indépendance idéologique vis-à-vis de Moscou, en créant son propre institut pédagogique. Il définit la Chine, et non plus la Russie, comme un exemple pour la libération de tous les peuples coloniaux. En même temps, la Chine marque un cran d'arrêt à l'expansion soviétique à son détriment : c'est l'accord provisoire sur la Province du Sinkiang (demain ce sera l'invasion du Thibet). C'est enfin la guerre de Corée qui, dans son aspect décisif, fut beaucoup moins une lutte entre Occidentaux et communistes, qu'un effort chinois pour enlever toute valeur à la détention de Dairen (Port-Arthur) par la Russie. Venue au secours de Staline qui ne l'avait sans doute pas appelée, c'est la Chine qui par la victoire sur le Yalou, s'implante en Corée du Nord. Dans la guerre de Corée, URSS comme USA sont les vaincus. Ces deux grandes puissances ont été « stoppées » par la Chine.

Sans doute Mao demeure-t-il tributaire économique de la Russie. Celle-ci est riche et la Chine est pauvre – provisoirement. L'aide de la Russie n'est pourtant pas décisive. La Chine elle-même poursuit le plus gros effort. Sur 700 grandes unités industrielles figurant au plan quinquennal chinois, l'URSS après deux séries de négociations n'en a offert que deux cents. Une contribution de cet ordre la Chine pourrait la trouver ailleurs, pour peu que les États-Unis soient moins aveugles. Une aide économique, Mao l'accepte, mais non une dépendance. La prépondérance qu'il prend, sourdement sur les marchés asiatiques dont il évince le Japon, consolide sa liberté économique. Par le truchement de Hong-Kong (on comprend pourquoi il ne revendique ce territoire que pro forma), il inonde l'Afrique et même l'Europe de ses cotonnades et de ses fibrannes.  Et par le jeu subtil des comptes EFAC, nous les lui  avons payées en dollars ! Pour très longtemps, les chinois n'auront toujours qu'un seul vêtement bleu. C'est le prix qu'il leur en coûte de n'être pas un satellite. Mais pour la Russie, c'est l'échec.

Et tandis qu'en Corée comme au Thibet, la Chine affirme son indépendance politique, tandis qu'au prix de beaucoup de souffrances elle évite une solidarité économique trop étroite, elle parfait son indépendance idéologique qui trouve ses sources aux origines même de sa révolution. Mao Tsé-Toung semble en avoir toujours été jaloux. Le communisme de la Chine, peut-être plus hideux encore, peut-être plus tragique, ne sera pas celui de l'URSS. Et, ce n'est-ce pas une suprême précaution, si Mao Tsé-Toung n'impose pas à son peuple l'alphabet cyrillique mais notre alphabet latin ?

À propos de la Russie, parler d'un marxisme à la sauce tartare est un mauvais jeu de mots : il exprime pourtant une réalité. En Chine, ce marxisme rencontrera une tout autre civilisation : le plus vieil empire agraire du monde. Contre Staline, au mépris des avertissements de Borodine ou de Joffre, Mao Tsé-Toung a voulu une révolution paysanne – au mépris des enseignements de Marx aussi. Il n'a pas seulement assuré son succès par ce choix : il l'a inséré dans une tradition. Une révolution n'est pas une rupture de l'histoire mais un choix brusque dans ces héritages. Ce choix, dès l'origine marque le communisme paysan de la Chine. L'idée d'égalisation des propriétés, Léger le répète après Maspéro, est une des plus vieilles idées chinoises. Elle date au moins des Wei. La lutte de Mao Tsé-Toung n'est qu'un succès au bout du millénaire échec des jacqueries chinoises.

Et s'il rejette certaines de traditions de son pays, Mao Tsé-Toung puise à pleines mains dans leurs réserves. À vrai dire, ce qu'il rejette était déjà presque mort, ce qu'il rejette était déjà presque aussi factice que la Chine des paravents. Beaucoup de choses avaient disparues dans cette Chine que l'Occident s'obstinait à croire figée. Le respect de l'homme âgé avait bien avant 1911 été ébranlé. Les jeunes gens rossaient les ministres, et déjà ils avaient pris dans la vie politique une influence décisive. Bien avant le triomphe de Mao Tsé-Toung, Malraux faisait dire à un des ses héros « les étudiants des facultés ont aujourd'hui le prestige qui était autrefois celui des lettrés et se sentent enveloppés du respect silencieux qui leur était porté. L'existence de cette nouvelle élite, la valeur qui lui est reconnue, témoigne d'un changement de la culture chinoise qui prépare une transformation totale. C'est à la vieillesse qu'allaient les préférences de notre civilisation, c'est pour elle et par elle qu'elle s'était faite : les candidats aux examens importants étaient âgés de quarante ans ; à peine le sont-ils de vingt-cinq aujourd'hui. La Chine commence à considérer la valeur de sa jeunesse ou plus exactement sa puissance. » La Famille non plus, n'a pas attendu Mao Tsé-Toung pour se désagréger. La dernière guerre avec ses exodes l'avait détruite. C'est même parce que ce cadre familial s'effondrait que, terrorisée par le vide, par la solitude, des millions d'êtres se tournent vers le marxisme.

Mao Tsé-Toung rejette certaines traditions déjà mortes mais il s'empare des autres et d'abord de la plus vivace : ce nationalisme passif de la Chine que nous avions baptisé xénophobie. Loin de le détruire, il le galvanise. Et d'ailleurs contraint à une lutte armée contre l'Occident et ses suppôts, le communisme chinois ne peut être que militaire.  L'Armée a précédé le Parti, elle fut longtemps le vrai Parti. Peut-être le demeure-t-elle. Répétons-le : Mao Tsé-Toung, ce sont les Taï-Ping, les Pavillons Noirs, les Lotus Blancs enfin vainqueurs…

Caractère paysan, le nationalisme, tels sont les vêtements chinois du marxisme, et sans doute aussi, conjuguée avec le nationalisme, une violence antichrétienne. Une enquête effectuée en 1922 auprès de la jeunesse chinoise avait déjà révélé qu'était morte « la tentation du christianisme ». La haine religieuse est d'autant plus forte qu'elle se situe à un confluent de traditions. Le christianisme est expulsé comme étranger. Il est évacué par des millénaires de matérialisme social ; il est méprisé ; et c'est le paradoxe, parce que, des influences occidentales, les jeunes chinois ont surtout subi celles du XVIIIe siècle européen, des Diderot, des d'Holbach et des Helvetius, ou de nos scientistes. Le martyre des enfants de Shanghaï situe lui aussi le communisme dans une tradition chinoise.

Reste à savoir, pourtant, si certaines des traditions abolies ne ressusciteront pas ; si la famille, en particulier trop secouée pour empêcher la propagation marxiste et dont la disparition même a préparé l’avènement communiste, ne resurgira pas. Cinquante ans n'en abolissent pas trois mille. Reste à savoir aussi, et c'est la bataille actuelle autour des coopératives, si le village désorganisé lui aussi par la guerre civile, résistera ou se laissera niveler. Pour le moment, il est un obstacle et d'autant plus difficile pour les dirigeants chinois qu'il les contraint à une révolution paysanne contre les paysans. De cette lutte aujourd'hui à son apogée dépend beaucoup le visage futur de la Chine comme de son communisme.

L'aile marchande du marxisme.

Quelle qu'en soit l'issue, voici dès à présent deux marxismes incarnés, celui de la Russie et celui de la Chine, et leur divergence éclate. Aimé Césaire le constate dans sa Lettre à Maurice Thorez, citant Mao Tsé-Toung lui-même : « L'histoire russe a déterminé un type russe de communisme… l'histoire chinoise déterminera le système communiste chinois ». Une conciliation s'esquisse que Lou Ting-Yi a exprimée à propos du 30e anniversaire du Parti Communiste chinois : « Le type classique des révolutions dans les pays impérialistes est la révolution d'Octobre, le type classique des révolutions dans les pays coloniaux et semi-coloniaux est la révolution chinoise. »

Langage, dans son apparente impartialité, redoutable pour le Kremlin. Les révolutions ne progressent pas dans ces pays que le Lou Ting-Yi qualifie d'impérialistes. Partout ailleurs elles s'étendent. Ce langage apparemment modéré sonne comme un défi. Il a pu porter l'URSS à forcer son avance vers le Moyen-Orient. Mais là encore, comme dans toute l'Afrique, c'est l'exemple chinois qu'on invoque. La Révolution d'Octobre est reléguée dans le passé presque aussi complètement que la Révolution Française. Le satellite, si soigneusement choisi par Moscou, à son tour crée des satellites.

Et il entraîne. Malgré ses plans quinquennaux, malgré son industrie atomique, malgré la puissance de son économie, la Russie n'est plus l'aile marchande du mouvement révolutionnaire. Pékin a détrôné le Kremlin. Bennigsen l'a bien vu. « La Chine a pour elle son énorme masse ; elle a pour elle malgré son retard économique, d'être le pays le plus peuplé du monde ; elle a pour elle une indépendance d'esprit vis-à-vis de Moscou qui rassure les Asiatiques et les Africains ; elle a pour elle un éloignement géographique » par rapport aux affaires de l'Europe occidentale et à leurs complications historiques (« Ce détachement lui permet de jouer un rôle médiateur »). Enfin elle a pour elle le style de Mao Tsé-toung qui souligne la platitude bureaucratique d'un Krouchtchev. On discute et commente la pensée de Mao : les petites astuces politiques de MK n'exaltent personne.

N'amplifions rien : les deux partenaires sont étroitement soudés même si leur rivalité est un secret de notre paix relative. L'Inde minée de partout, inoculée de communisme, doit ce qui lui reste d'indépendance aux services que son neutralisme rend à Moscou comme à Pékin, sans doute, mais plus encore à la rivalité de ces deux capitales qui ne consentent pas mutuellement à se la céder. Rivales mais enchaînées l'une à l'autre par la commune peur de l'Occident, par un siècle et demi d'histoire, parce qu'elles conservent encore du fond marxiste primitif, la Russie et la Chine ne sont pas à la veille de se dissocier. Quand Starlinger recommande de jouer Moscou  contre Pékin, quand Krakowsky recommande le jeu inverse, l'un et l'autre anticipent. Le divorce entre les deux grands du communisme n'est pas consommé, même s'il paraît inéluctable.

Et ensemble, ils continueront de modeler le visage du monde que nous légueront à nos enfants. Oui, ensemble encore, pour un temps que nous ignorons, même si la Russie a échoué dans la satellisation de la Chine, et si malgré sa prédominance économique elle doit la suivre. Parce que nous, Occident mercantile, nous n'avons pas su « donner à chacun sa vie », la marée du coton bleu peut nous submerger14.

 

 

 


14 Cet article est extrait du livre publié par l'auteur, aux Éditions Fleurus, sous le titre « Sur la dérive de Moscou », essai sur les incarnations contemporaines du marxisme.