L'Inde séculaire tourne le dos à son génie

Climats 2/2/1950

 

M. Le Brun Keris, conseiller de l'Union française et journaliste, nous rapporte d'un voyage aux Indes un témoignage qui surprendra ceux qui ont été séduit par les appels et les déclarations officielles du Pandit Nehru. M. Le Brun Keris abandonne ici le ton des interpellations parlementaires et nous sommes heureux de retrouver sous sa plume le grand talent du journaliste qu'il n'a pas cessé d'être. Voici un témoignage capital sur l'Inde, cette mystérieuse adolescente politique.

Il nous confie : « Ces notes prises sur mon carnet de route, dans un voyage au sud de l'Inde, j'ai beaucoup hésité à les publier. Je savais qu'elles froisseraient mes amis indiens.

Mais qu'au long de ces lignes, j'en supplie le lecteur européen, on mette en balance de l'impéritie politique et d'un nationalisme boursouflé, le véritable génie de l'Inde tel qu'il s'exprime à Elephanta ou à Madura. Au-delà du jargon des politiciens, qu'on entende dans les antiques Vedas jamais mortes certains des plus beaux poèmes du monde. Qu'on pèse, et d'un poids très lourd, tout ce que nous devons à l'Inde, véritable mère de l'âme humaine.

Alors on comprendra que l'égarement politique d'un pays dont le génie ne fut jamais politique, n'a que la valeur d'un accident. L'Inde en guérira, soyons-en sûrs. Souhaitons-le, en tout cas, pour que nous entendions à nouveau son vrai message irremplaçable »