L'Afrique courtisée cédera-t-elle à la tentation asiatique ?

Comment aider l'Afrique à s'aider ?

Contre ce terme de sous-développé s'inscrivent en faux un Dakar ou un Abidjan. En retard sur bien des points, handicapée dans trop de régions par l'analphabétisme, l'Afrique conjugue le VIIe et le XXIe siècle. On passe de la paillote au building. Aussi, telle quel avec ses laisses d'ignorance et ses secteurs faméliques, mais avec ses barrages et ses usines, mais avec son élite politique, l'Afrique francophone est à la frange des pays économiquement forts. Elle peut accrocher son wagon à leur train.

Elle le peut, si d'autres pays ne se substituent pas à elle dans l'aide de l'Europe et si elle-même ne se laisse pas submerger par eux. Il lui appartient de dresser une digue contre cette marée déferlante.

Mais elle ne le fera pas sans l'Europe, et nous retrouvons les problèmes posés par le renouvellement de la Convention d'association entre la CEE et les Pays d'Outre-Mer dont nous avons déjà traité ici. Mais elle ne le fera pas sans la France. L'aide que la France apporte à l'Afrique francophone et à Madagascar est considérable. Pourtant, nous comptons encore plus sur la symbiose économique qui s'est établie, chacun offrant à l'autre un débouché privilégié. À une condition : que ces préférences soient « consolidées » et stabilisées.

En France, on commet, à mon sens, une grave erreur d'orientation. Cette aide est considérable, mais on la fragmente année par année, quand ce n'est pas semestre par semestre. Ainsi s'instaure un climat pénible de perpétuelles négociations, pour ne pas dire de marchandages. D'autre part, on a l'irritante manie du contrôle, aussi paraît-on ne jamais donner « pour de vrai ». En fait, on n'a pas su se dégager suffisamment du paternalisme impérial. On n'a pas repensé suffisamment les structures de l'aide en fonction du cadre nouveau que représentent les rapports entre États totalement indépendants.