Immergé dans l'eau des verrières

 

Immergé dans l'eau des verrières,

Distrait de Dieu et de soi-même par mille roses naissantes et mille serpents insinués et mille fissures de la montagne et mille faits-divers du matin,

Vêtu de lin et de soie, affublé d'innocence et de seigneurie,

L'Homme-sacré dit : Juge-moi !

 

L'enfant écarlate répond.

 

Kyrie grec, alléluia hébraïque et cursus cicéronien.

Le pain est blanc sur la nappe moins blanche, l'or du vin tremble en l'or de la coupe,

Le monde bouge en l'homme de la messe,

Il prend à témoin les siècles des siècles.

 

Amen, dit l'enfant écarlate.

 

Les mains autrefois consacrées, les mains d'enfance innocente et qui pourriront jointes sur la poitrine, les mains à quelles besognes livrées et qui en serrèrent tant d'autres, les mains sur la plume crispées et sans aucun stigmate vraiment

Tiennent des choses claires et précieuses et réservées, et la bouche raconte l'histoire d'un autre.

L'hiérarque s'incline et dans l'or mobile reconnaît

Le visage de sa naissance.

 

La messe est dite, dit l'enfant.

 

La nappe est une plage grise au matin sale et déserte de mer.

Le consacré balaie cette plage avec l'or et rêve doucement.

En marchant toujours sur le sable on rencontre bien l'Océan.

Rides aux plis du lin douteux, traces de marée sur la vie lasse où passent les pas des vagues, poussière du sacrement que soulève le croissant d'or.

Vaste nappe au matin pâle où glisse le vent, où s'empreint le pas du Seigneur s'en allant.

Mouette gouailleuse, où en est le flot ?

 

Le cristal tinte contre l'or.

 

Tiennent les choses claires et précieuses et réservées, et la bouche au dessus raconte l'histoire d'un autre.

L'hiérarque s'incline et dans l'or mobile reconnaît

Le visage de sa naissance.

 

La messe est dite, dit l'enfant.

 

La nappe est une plage grise au matin sale et déserte de mer.

Le consacré balaie cette plage avec l'or et rêve doucement :

En marchant toujours sur le sable on rencontre bien l'Océan.

Rides aux plis du lin douteux, trace de marée sur la vie lasse où passent les pas des vagues, poussière du sacrement que soulève le croissant d'or.

Vaste nappe au matin pâle où glisse le vent, où s'empreint le pas du Seigneur s'en allant.

Mouette gouailleuse,où en est le flot ?

 

Le cristal tinte contre l'or.

21 février 1954