Nocturne
Novembre 1928
Jardins bleus, où rêver lorsque la lune arrose
de lumière huilée et souple de vieux ifs,
Terrasses où sentir s'exhaler des massifs
le parfum de la chair féminine des roses.
La nuit douce s'endort sur le parc, et je sens
s'estomper dans mon cœur le Désir et l'Envie.
Tout est bleu, tout est tendre, et ce qui fut la vie
s'éteint dans une brume impalpable d'encens.
Je redis doucement des choses souvent dites...
Et déjà meurt, tel un effeuil de marguerites,
le souvenir obscur de jours plus embrasés.
Tais-toi, tais-toi surtout... il ne faut pas répondre :
il n'est que de sentir, perdu dans un baiser
son esprit s'endormir, et son âme se fondre.