Le rêve

À Héliane, Souvenir d'Etretat Pentecôte 1927

 

J'ai fait ce songe heureux avec toi, sur la grève,

passer notre jeunesse à rêver et danser,

à rire ingénument, sans prévoir ni penser,

nous aimant d'un amour délicat comme un rêve,

 

Puis dans l'enivrement extasié des sens,

vibrer de notre amour, comme une mer viride,

où le vent tiède et doux du soir sème des rides,

nous aimant de baisers profonds et languissants.

 

Plus tard, lorsque viendra la fin de la jeunesse

d'une douce amitié nous aimant sans ivresse,

vivre pour nos enfants, l'amour ayant pris corps ;

 

Ainsi donc nous aimer sur la terre sans trêve,

puis pour magnifier à jamais notre rêve,

nous aimer dans l'éternité, après la mort.